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Les relations salaire-emploi. Insee. Octobre 2008.

Publié le 23/10/2008
Economie et statistique n°412 - octobre 2008.

La relation entre le niveau du salaire perçu et les transitions d'emploi à emploi en France : une remise en cause des modèles de recherche d'emploi ?
Arnaud Chéron et Guoqing Ding

Résumé
La théorie de la recherche d'emploi a fait l'objet d'un important renouveau sous l'impulsion de Burdett et Mortensen (1998), qui ont mis en évidence que le comportement de recherche sur le tas des employés affecte la concurrence qui s'exerce, via les salaires, entre les firmes. L'équilibre est alors caractérisé par une dispersion des salaires, y compris en l'absence d'hétérogénéité tant du point de vue des travailleurs que des firmes. Bowlus et Neumann (2004) se sont récemment interrogés sur la pertinence empirique de ce cadre au vu de la relation entre le niveau du salaire perçu et la mobilité d'emploi à emploi. Théoriquement, la fréquence des transitions d'emploi à emploi diminue avec le niveau du salaire du travailleur, la probabilité d'obtenir une offre financièrement intéressante étant plus faible quand la rémunération est plus élevée. Bowlus et Neumann montrent pourtant que cette relation apparaît, à l'observation, ambiguë voire croissante aux états-Unis. Or, sur des données françaises issues de l'enquête Emploi, une relation statistique ambiguë entre le niveau du salaire perçu par un employé et sa probabilité de transition vers un autre emploi apparaît également, en lieu de la relation décroissante prédite par la théorie. Nous montrons que cette ambiguïté pourrait renvoyer à un effet de composition agrégé qui disparaît quand une désagrégation par catégorie socioprofessionnelle est effectuée, et aussi à une typologie particulière de mobilités professionnelles : des promotions au sens de transitions accompagnées d'une montée dans l'échelle des catégories socioprofessionnelles. L'estimation par CSP que nous proposons du modèle canonique de recherche d'emploi (à partir d'une méthode de moments simulés) apparaît en mesure de rendre compte de la relation observée entre le salaire perçu et la probabilité de mobilité professionnelle, dès lors que sont exclusivement considérées des mobilités n'entraînant pas de promotion ni de perte de salaire.


Une étude de la relation entre mobilité et salaire
Thierry Kamionka

Résumé
Commentaire de Thierry Kamionka sur l'article de Arnaud Chéron and Guoqing Ding : "La relation entre le niveau du salaire perçu et les transitions d'emploi à emploi en France : une remise en cause des modèles de recherche d'emploi ? "


Flux d'emploi et de main-d'œuvre en France : un réexamen
Claude Picart

Résumé
Les flux d'emploi et de main-d'œuvre sont au cœur des analyses récentes du marché du travail. L'ampleur des flux bruts d'emploi (créations + destructions), au regard des flux nets (créations - destructions), a contribué au renouveau des analyses schumpetériennes en termes de destruction créatrice. Il était jusqu'à présent admis que les flux bruts d'emploi sont du même ordre de grandeur dans des pays aussi différents que la France et les états-Unis, ce qui va à l'encontre du lien attendu entre protection de l'emploi et réallocations. Les flux de main-d'œuvre font l'objet d'interprétations divergentes entre ceux qui y voient, dans le cadre de modèles d'appariement, un simple prolongement des flux d'emploi et ceux qui soulignent leur spécificité. La présente étude utilise la possibilité de suivre les salariés sur deux ans dans les DADS pour corriger la mesure des flux d'emploi des flux artificiels engendrés par les changements d'identifiant des établissements. Cette correction réduit de moitié les flux d'emploi qui se révèlent ainsi nettement moins importants en France qu'aux états-Unis. La même source permet d'étudier sur un champ quasi exhaustif la relation entre flux d'emploi et flux de main-d'œuvre. Les rotations ou excès des flux de main-d'œuvre sur les flux d'emploi, apparaissent plus liés à des caractéristiques sectorielles qu'aux flux d'emplois. Leur ampleur, révisée à la hausse par cette étude, est plus le signe d'un certain dualisme du marché du travail que de la vigueur du processus de destruction créatrice. à des secteurs offrant des emplois stables, des salaires élevés, attractifs et caractérisés par de faibles rotations s'opposent des secteurs où la rotation est intense, avec de bas salaires et davantage de jeunes. Des flux nets de salariés s'observent du premier groupe de secteurs vers le second, le déficit de ce dernier étant compensé par l'embauche de personnes sans emploi.


Les effets incitatifs de la prime pour l'emploi : une évaluation difficile
Franck Arnaud, Marion Cochard, Bérengère Junod-Mesqui, Sébastien Vermare

Résumé
L'idée que des problèmes d'offre affectent le marché de travail aboutit, au début des années 2000, à la création de la prime pour l'emploi (PPE), adoptée dans le cadre d'un ensemble de réformes visant à rendre plus rémunérateur le passage du non-emploi à l'emploi. La loi du 30 mai 2001 portant sa création présente ainsi sa finalité : " Afin d'inciter au retour à l'emploi ou au maintien de l'activité, il est institué un droit à récupération fiscale, dénommé prime pour l'emploi, au profit des personnes physiques domiciliées en France ". à partir de l'enquête Revenus fiscaux (ERF) de 2001, deux méthodes sont utilisées pour évaluer un éventuel effet de la PPE sur l'emploi, chaque fois en organisant la comparaison entre un groupe de traitement (constitué par ses bénéficiaires potentiels) et un groupe de contrôle dont les membres ne sont pas affectés par la mesure mais ont des caractéristiques proches de celles du premier groupe. Il n'apparaît pas d'effet significatif de la PPE sur l'emploi, y compris en se focalisant sur l'emploi des femmes mariées. Ces résultats, cohérents avec ceux des études ex ante, qui soulignaient le faible caractère incitatif de la réforme, s'expliquent, d'une part, par la faiblesse des montants de la PPE en 2001 et, d'autre part, sans doute aussi par le décalage important entre la reprise d'activité et le versement effectif de la PPE (qui peut atteindre jusqu'à 18 mois), qui réduit sa visibilité. Ces résultats doivent être cependant relativisés. Tout d'abord, notre étude porte sur la PPE versée au titre des revenus de 2001 et le dispositif était probablement encore peu connu une année seulement après son instauration. Depuis, la PPE a été aménagée (augmentation des montants distribués en cas d'emploi à temps partiel, revalorisation de la prime versée, acompte et mensualisation) ce qui, combiné à son apprentissage par les agents, a pu en modifier l'impact incitatif.