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Les inégalités de conditions de vie face au confinement. Août 2020.

Publié le 20/08/2020

Les conditions de vie et de travail pendant la période de confinement en France (17 mars au 11 mai 2020) ont fait l'objet d'études et d'enquêtes statistiques. Celles-ci ont pu aborder les conditions de logement, la situation financière des ménages, l'activité professionnelle (ses restrictions, ses aménagements), le travail domestique et sa répartition entre hommes et femmes, le travail scolaire, les loisirs, les relations sociales... Elles ont mis en lumière les inégalités des conditions de vie en France, selon la CSP, le niveau de vie, le sexe, ou la composition des ménages. Ces inégalités ont été exacerbées par la situation de confinement et ont joué un rôle important dans la perception contrastée de celle-ci par les individus. Nous présentons ici deux études publiées en juin et août 2020. Celle de l'Insee s'appuie sur enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages (Camme) dont le questionnaire a été adapté durant la dernière semaine du confinement afin d'interroger les Français de métropole sur leurs conditions de vie durant le confinement.

Conditions de vie pendant le confinement : des écarts selon le niveau de vie et la catégorie socioprofessionnelle (Insee)

Insee Focus n° 197, 19 juin 2020.

Valérie Albouy, Stéphane Legleye.

Résumé

Le confinement sanitaire lié à l'épidémie de Covid-19 a duré près de deux mois, du 17 mars au 11 mai 2020, et a profondément modifié les conditions de vie. Un tiers des personnes en emploi a subi une restriction d'activité susceptible de réduire le revenu du travail, dont 27 % une période de chômage technique ou partiel. 34 % des personnes en emploi ont télétravaillé tandis que 35 % ont continué à se rendre sur leur lieu de travail. Par ailleurs, 35 % des parents avec un enfant de moins de 14 ans ont eu des difficultés à assurer leur suivi scolaire.

20 % des personnes disent que la situation financière de leur ménage s'est dégradée. Les conséquences négatives du confinement ont été plus fréquentes pour les personnes aux revenus modestes, qui ont aussi perçu cette période comme plus pénible et pour les femmes. Celles-ci ont, plus que les hommes, réduit leur activité professionnelle et consacré du temps à leurs enfants mais aussi cumulé quotidiennement plus de 4 heures de travail et plus de 4 heures avec leurs enfants.

Sommaire

  • Davantage de restrictions d'activité professionnelle pour les ouvriers
  • Davantage de télétravail pour les cadres
  • Peu de sorties hors du logement, un temps passé sur écran important
  • Les femmes ont assuré une grande part de la prise en charge des enfants
  • La situation financière des plus modestes s'est plus souvent dégradée
  • Les personnes seules jugent le confinement plus pénible

 

Restriction d'activité (dont chômage partiel), lieu de travail, perception de la situation financière, perception du confinement et difficultés scolaires, selon le niveau de vie pendant le confinement

% Restriction d'activité (1) dont chômage partiel Travail sur site Télétravail Perception d'une situation financière dégradée Perception du confinement comme très pénible (2) Difficultés de suivi scolaire (3)
1er quintile 35 30 37 21 30 37 49
2e quintile 39 35 44 18 21 30 34
3e quintile 33 25 32 33 23 24 36
4e quintile 31 26 37 40 15 26 20
5e quintile 27 21 26 53 11 17 25
Champ : France métropolitaine, personnes de 15 ans ou plus.
Source : Insee, enquête Camme, mai 2020.
(1) Chômage technique ou partiel, arrêt de travail ou autorisation spéciale d'absence, non renouvellement de contrat.
(2) Note supérieure ou égale à 7 à la question « À quel point la période de confinement vous a paru pénible (sur une échelle de 0, pas du tout pénible, à 10, extrêmement pénible) ? ».
(3) Parmi les ménages ayant des enfants de 14 ans ou moins.

Source : Insee Focus n° 197, juin 2020.

N.B. : Si l'on ordonne la distribution des niveaux de vie, les quintiles sont les valeurs qui partagent cette distribution en 5 sous-populations d'effectifs égaux. Le premier quintile est par exemple le niveau de vie au-dessous duquel se situent 20 % des individus.

Inégalités de conditions de vie face au confinement (Direction Générale du Trésor))

Lettre Trésor-Éco n° 264, 6 août 2020.

par Marie-Apolline Barbara.

Résumé

Les inégalités de logement sont le premier révélateur des inégalités socioéconomiques face au confinement, des exemples les plus dramatiques (logements insalubres et surpeuplés, milieu carcéral, populations sans-abri) aux plus ordinaires. Mais les expériences du confinement ont également été contrastées selon le genre ou la situation familiale des individus, tandis que les fermetures d'école

Résumé détaillé

Les mesures inédites de lutte contre la propagation du coronavirus (Covid-19), et en particulier le confinement, ont mis en lumière les inégalités de conditions de vie des individus.

Les conditions de logement en sont l'illustration la plus manifeste. C'est bien entendu le cas des exemples les plus dramatiques : logements insalubres et surpeuplés, milieu carcéral, populations sans-abri. Mais le confinement a aussi exacerbé les inégalités ordinaires, de superficie du logement, d'accès à un espace extérieur ou de qualité de l'environnement. Si les lignes de fracture sont nombreuses, entre urbain et rural notamment, les inégalités socioéconomiques demeurent un déterminant essentiel des expériences contrastées face au confinement.

Les inégalités sociales entre les femmes et les hommes auront également pu être exacerbées par la situation. Si le confinement aurait pu amener un rééquilibrage de la répartition du travail domestique, les premières enquêtes menées auprès de Français confinés suggèrent au contraire que les tâches ménagères et parentales supplémentaires auraient prioritairement échu aux femmes. Par ailleurs, les personnes isolées auraient été davantage fragilisées par le confinement, et à plus forte raison les personnes âgées et les personnes handicapées.

Enfin, les fermetures d'école et les dispositifs de scolarité à distance mis en place pourraient creuser les inégalités scolaires, car ils obèrent davantage les chances de réussite à long-terme des élèves issus de milieux défavorisés, en particulier parce que l'accès à une connexion Internet et à un équipement informatique est moins fréquent chez les ménages les plus pauvres. Les conséquences des interruptions de scolarité seraient également plus durables chez les élèves socioéconomiquement désavantagés.

Sommaire

1. Conditions de logement

1.1 Mal-logement
1.2 Inégalités entre logements ordinaires
1.3 Des situations qui diffèrent à travers l'Europe
1.4 Controverses liées aux résidences secondaires

2. Situation familiale

2.1 Une fragilité accrue des personnes isolées
2.2 Le confinement avec ou sans enfants
2.3 Inégalités femmes-hommes en temps de confinement

3. Éducation

3.1 Des conditions d'apprentissage dégradées pour certains
3.2 Un risque d'accentuation des inégalités scolaires

Graphiques extraits de la publication :

Graphique : Surface de logement disponible par occupant (m²) en Europe selon le décile de revenu

Graphique : Isolement social dans les pays de l'OCDE (2020)

Graphique : Niveau de satisfaction de la répartition des tâches ménagères et éducatives au sein du foyer pendant le confinement (enquête avril 2020)

Source : Lettre Trésor-Éco n°264, août 2020.

Voir aussi les études de l'INED :

Comment voisine-t-on dans la France confinée ? INED. Juin 2020.

Le travail et ses aménagements : ce que la pandémie de covid-19 a changé pour les Français. INED. Juillet 2020.