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L'empreinte écologique

Publié le 28/07/2008
Les activités humaines de production et de consommation utilisent des ressources naturelles dont certaines sont non renouvelables, alors que d'autres sont dites "non renouvelables" : elles peuvent se reproduire ou se régénérer sans intervention humaine (sols, forêts, eau, atmosphère...). C'est uniquement à ces dernières que s'intéresse la notion d'empreinte écologique. Ce sont elles qui posent les problèmes les plus graves à terme : ces ressources a priori renouvelables ne sont-elles pas en cours d'épuisement ?
C'est un indicateur uniquement environnemental dans une vision anthropocentrée de la nature (c'est-à-dire centrée sur les relations de l'homme à la nature).

Il date de la deuxième moitié des années 1990 et a été élaboré grâce aux travaux de Redefining Progress et de WWF (World Wide Fund For Nature). Ces travaux ont pour origine un concept mis au point et appliqué dans un ouvrage commun par deux chercheurs de Vancouver, Mathis Wackernagel et William Rees [1]. Cet indicateur a ensuite acquis au début des années 2000, une notoriété médiatique.

L'idée directrice qui a permis la construction de cet indicateur est la suivante : Les activités humaines de production et de consommation utilisent des ressources naturelles dont certaines sont non renouvelables, alors que d'autres sont dites « renouvelables », au sens où elles peuvent se reproduire ou se régénérer sans intervention humaine : sols, forêts, eau, atmosphère ... C'est uniquement à ces dernières que s'intéressent la notion d'empreinte écologique, parce que, selon ses promoteurs, ce sont elles qui posent les problèmes les plus graves à terme.

La question à se poser est la suivante : Ces ressources a priori renouvelables ne sont-elles pas en cours d'épuisement ?

On peut donc souligner que les promoteurs de l'empreinte écologique de situent dans une perspective voisine de celle des fondateurs de la comptabilité nationale, mais en tant que comptables du « budget de la nature » et de la "dette écologique des hommes", si les emprunts sont supérieurs aux capacités naturelles de régénération des ressources.

Les ressources renouvelables utilisées pour satisfaire les besoins économiques d'une collectivité humaine peuvent presque toutes être converties en superficie de la planète marquée par « l'empreinte de l'activité humaine ». Plus précisément, la consommation finale d'une population, d'un individu, peut être convertie en superficies exploitées en fonction des techniques existantes.

L'empreinte écologique d'une population mesure la surface de la planète, exprimée en hectares, dont la population dépend, compte tenu de son mode de vie, pour ses besoins :

- en produits du sol (surfaces pour l'agriculture, la sylviculture) et en zones de pêche ;

- en terrains bâtis ou aménagés (routes et infrastructures) ;

- en forêts capables de recycler les émissions de CO2 (empreinte énergie) et plus généralement en surfaces d'absorption des déchets.

La surface d'empreinte écologique peut être calculée pour l'ensemble de l'humanité, pour un pays, pour une région ou une ville, pour un ménage (sur la base de ce qu'il consomme), pour un poste de consommation finale (alimentation, logement, transports...), etc. Par exemple, la consommation alimentaire annuelle moyenne d'un Français exige 1,6 hectare dans le monde. Son empreinte totale (alimentation, logement, transports, autres biens et services) est de 5,6 hectares. Pour un Américain, on obtient 9,6 hectares, record du monde développé.

Selon les rapports de WWF, au niveau mondial, l'empreinte écologique des Hommes aurait fortement progressée depuis 1960, passant de 70 % de la surface globale utilisable à des fins productives en 1961 à 120 % en 1999. Plus précisément, depuis 1961, toutes les surfaces composantes de l'empreinte écologique mondiale ont progressé, mais c'est « l'empreinte énergie » qui a le plus augmenté (graphique 1).

Parallèlement, l'empreinte écologique « supportable » par la planète était de 2,9 hectares par personne en 1970, et elle n'a cessé de diminuer sous l'effet de la progression de la population, de la régression des terres arables, des forêts, des ressources des zones de pêche, etc. Elle est passée à 2 hectares en 1990 et elle n'est plus que de 1,8 hectare en 2003. Cela signifie que dès à présent, l'humanité emprunte chaque année à la nature 25 % de ressources renouvelables de plus que les flux annuels de régénérations naturelles de ces ressources.

Si tous les habitants de la planète avaient le mode de vie des Américains, le calcul montre qu'il faudrait environ cinq planètes pour y faire face. Si tous avaient le niveau de vie moyen des Français, il en faudrait près de trois, chiffre cité par Jacques Chirac au sommet de la terre de Johannesburg en 2002. Quelles que soient les incertitudes de telles mesures, elles témoignent sans aucun doute du caractère « non soutenable » du modèle de développement occidental.

Graphique 1. L'empreinte écologique mondiale, 1961-2003 (en milliards d'hectares)

Cette comptabilité s'appuie sur les modes de consommation et sur les techniques de production en vigueur. Ce point est essentiel : d'autres modes de vie non régressifs et d'autres technologies de production (par exemple les énergies renouvelables, l'agriculture faiblement consommatrice de l'eau des nappes phréatiques et n'épuisant pas les capacités naturelles des sols...) peuvent réduire fortement l'empreinte écologique sans compromettre des objectifs jugés fondamentaux de la civilisation en termes de qualité et de diversité de l'alimentation, des logements, des déplacements, des soins médicaux, etc. Mais la question de la poursuite indéfinie de la croissance matérielle est posée par ces constats.


Note :

[1] Wackernagel M., Rees W. Our Ecological Footprint : Reducing Human Impact on the Earth, New Society Publishers, The New Catalyst Bioregional Series. Gabriola Island BC, 1995.

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