Des inégalités de niveau de vie plus marquées une fois les dépenses pré-engagées prises en compte. Drees. Mars 2018.
Études et Résultats n°1055, 28 mars 2018.
par Michèle Lelièvre (ONPES) et Nathan Rémila (DREES).
Résumé
L'analyse des inégalités et de la pauvreté s'appuie généralement sur le revenu disponible des ménages, c'est-à-dire sur les revenus et les prestations sociales qu'ils perçoivent une fois déduits les impôts directs. En 2011, 14% des personnes ont un revenu disponible, rapporté au nombre d'unités de consommation dans leur ménage, qui les situe sous le seuil de pauvreté.
Ce revenu disponible est utilisé en partie pour des dépenses pré-engagées, difficilement renégociables à court terme. Parmi ces dépenses, les loyers et charges pèsent le plus lourd [1]. Le statut d'occupation du logement dépendant notamment du niveau de vie et de la situation familiale, le poids des dépenses pré-engagées dans le revenu disponible des ménages est ainsi plus élevé pour les ménages pauvres (61%) et les familles monoparentales (40%) que pour l'ensemble des ménages (30%).
Raisonner à partir du revenu dit «arbitrable», qui retranche les dépenses pré-engagées du revenu disponible, permet de s'approcher du ressenti qu'ont les personnes de leurs marges de manœuvre financières. L'équivalent du taux de pauvreté, c'est-à-dire la part des personnes dont le revenu arbitrable par unité de consommation est inférieur à 60% du niveau de vie arbitrable médian, s'établit à 23%.
Cette étude reprend en partie les résultats publiés dans le dernier numéro des Dossiers de la DREES intitulé "Dépenses pré-engagées : quel poids dans le budget des ménages ?" (mars 2018).
Sommaire
- Les dépenses pré-engagées représentent 30% du revenu disponible des ménages
- La part des dépenses pré-engagées dans le revenu baisse avec l'élévation du niveau de vie
- Le niveau de vie arbitrable médian des personnes pauvres, au sens usuel, s'élève à 340 euros par mois
- Les inégalités de niveau de vie arbitrable sont plus fortes que celles de niveau de vie
- Une personne d'une famille monoparentale sur deux a un niveau de vie arbitrable inférieur à 60% du niveau de vie arbitrable médian
- Les écarts entre pauvreté en niveau de vie et en niveau de vie arbitrable s'expliquent principalement par le statut d'occupation du logement
- Des inégalités encore plus fortes, en tenant compte des dépenses alimentaires en plus des dépenses pré-engagées
Encadré 1 : Mesurer le niveau de vie arbitrable
Encadré 2 : L'enquête Budget de famille 2011 de l'Insee
Source : Drees, Dossier n°25, mars 2018
[1] Les dépenses pré-engagées comprennent :
- les loyers et charges pour le logement (eau et énergie)
- les abonnements aux services de télécommunications (internet, téléphone...)
- la redevance télévisuelle et les abonnements aux chaînes de télévision payantes
- les dépenses de cantine scolaire
- les frais d'assurances (santé, logement, transport, etc.) et les services financiers
- les remboursements de prêts immobiliers.