Droites extrêmes : la conversion à l'Europe ! Fondation R. Schuman. Mai 2019.
Question d'Europe n°516, 20 mai 2019.
par Sylvain Kahn, géographe et historien, professeur à Sciences Po.
Résumé
En Europe, la famille des droites radicales et extrêmes – qu'elles soient nationalistes, ultraconservatrices ou antisystème – se caractérise traditionnellement par son rejet de la construction européenne. Rejet qui se nourrit de la sacralisation de la souveraineté nationale et de la détestation des élites. L'actuelle campagne électorale européenne témoigne d'une évolution majeure : les droites radicales et extrêmes ne font plus de l'Union européenne une entité à fuir ou à détruire, mais une ressource à utiliser de l'intérieur pour faire gagner du terrain à leurs valeurs et pour déployer leurs programmes politiques. Cette évolution est plus notable et plus profonde que les spéculations sur un raz-de-marée électoral de cette famille qui, bien que guetté et annoncé dans de nombreux commentaires depuis le referendum britannique en juin 2016, ne se produira pas en mai 2019.
(Dans le Parlement européen élu en 2014, ces mouvements politiques de type eurosceptiques, nationalistes, ultra-conservateurs ou antisystème se répartissent dans trois groupes parlementaires très critiques sur l'Union européenne.)
Sommaire
- L'européanisation des droites radicales et extrêmes
- Des euros convaincants
- Groupe des conservateurs et réformistes européens (ECR), Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD), Europe des nations et des libertés (ENL) : le ménage à trois fait 20%
- Des infiltrations plutôt qu'un raz-de-marée
- Un modèle nouveau : l'orbanisation
- Droites radicales et extrêmes : les raisons de converger
- Un aiguillon pour l'européisme