Ecarts de réussite entre filles et garçons et discriminations. IPP. Décembre 2014.
Publié le 30/12/2014
Deux notes de l'Institut des Politiques Publiques (IPP) examinent le lien entre l'écart de réussite scolaire des filles et des garçons (au collège et à l'entrée du concours de l'ENS) et les comportements de discrimination des enseignants ou des examinateurs en fonction du sexe des élèves ou des candidats.
L'IPP vise à promouvoir l'analyse et l'évaluation quantitatives des politiques publiques en s'appuyant sur les méthodes les plus récentes de la recherche en économie.
par Camille Terrier.
Résumé
à l'entrée au collège, les résultats des filles sont meilleurs que ceux des garçons en français, mais moins bons en mathématiques. Ces écarts de réussite s'estompent au court du temps en mathématiques, de telle sorte qu'en fin de troisième les filles réussissent aussi bien que les garçons. Cette note IPP contribue à expliquer ces différences de réussite et leur évolution au cours du temps en répondant à deux questions importantes : existe-t-il des biais dans les notes attribuées par les enseignants en fonction du genre des élèves? Ces biais influencent-ils le progrès des filles par rapport à celui des garçons?
à l'aide de notes attribuées de façon anonyme et non-anonyme à des élèves de sixième de l'académie de Créteil, l'analyse fait apparaître une discrimination positive envers les filles en mathématiques et une absence de biais en français : à niveau (mesuré anonymement) identique, une fille reçoit de meilleures notes de son enseignant de mathématiques qu'un garçon. Le comportement moins perturbateur des filles en classe ne semble pas expliquer ce "coup de pouce". Dans un second temps, nous montrons qu'en mathématiques, les classes dans lesquelles les enseignants présentent les biais les plus élevés en faveur des filles sont aussi les classes dans lesquelles les filles progressent le plus relativement aux garçons. Ce nouveau résultat est compatible avec les recherches qui montrent que les méthodes de notation influencent la motivation et les progressions des élèves et il fournit une explication à la réduction des écarts de réussite observés entre filles et garçons en mathématiques durant le collège.
par Thomas Breda et Son Thierry Ly.
Résumé
Les stéréotypes et les normes sociales poussent les filles à s'orienter vers des études littéraires plutôt que scientifiques. L'objet de cette note IPP est d'examiner dans quelle mesure les professeurs sont susceptibles de renforcer cette auto-sélection en discriminant les jeunes femmes qui tentent d'intégrer les disciplines dominées par les hommes. En utilisant le concours d'entrée de l'école normale supérieure de Paris comme une "expérience naturelle", nous montrons que c'est en réalité le phénomène inverse qui est à l'œuvre. La discrimination s'exerce au bénéfice des filles dans les disciplines traditionnellement dominées par les hommes (mathématiques ou philosophie, par exemple), alors qu'elle joue en faveur des garçons dans les matières réputées plus "féminines" (biologie ou littérature), réduisant ainsi légèrement la ségrégation de genre entre disciplines. La tendance des examinateurs à discriminer les candidats en fonction de leur sexe est identifiée à partir des différences entre les résultats aux épreuves écrites anonymes (qui neutralisent la discrimination de genre) et aux épreuves orales (où le sexe des candidats est connu des examinateurs). Cette discrimination va à l'encontre des stéréotypes de genre. Elle est susceptible de s'expliquer par le fait que les examinateurs tentent d'aider - consciemment ou inconsciemment - le sexe en minorité dans leur discipline. Ces résultats suggèrent que les filles peuvent s'engager dans les filières d'études traditionnellement réservées aux hommes sans craindre d'y être discriminées.
L'IPP vise à promouvoir l'analyse et l'évaluation quantitatives des politiques publiques en s'appuyant sur les méthodes les plus récentes de la recherche en économie.
- "Un coup de pouce pour les filles ? Les biais de genre dans les notes des enseignants et leur effet sur le progrès des élèves", Note de l'IPP n°14, décembre 2014.
par Camille Terrier.
Résumé
à l'entrée au collège, les résultats des filles sont meilleurs que ceux des garçons en français, mais moins bons en mathématiques. Ces écarts de réussite s'estompent au court du temps en mathématiques, de telle sorte qu'en fin de troisième les filles réussissent aussi bien que les garçons. Cette note IPP contribue à expliquer ces différences de réussite et leur évolution au cours du temps en répondant à deux questions importantes : existe-t-il des biais dans les notes attribuées par les enseignants en fonction du genre des élèves? Ces biais influencent-ils le progrès des filles par rapport à celui des garçons?
à l'aide de notes attribuées de façon anonyme et non-anonyme à des élèves de sixième de l'académie de Créteil, l'analyse fait apparaître une discrimination positive envers les filles en mathématiques et une absence de biais en français : à niveau (mesuré anonymement) identique, une fille reçoit de meilleures notes de son enseignant de mathématiques qu'un garçon. Le comportement moins perturbateur des filles en classe ne semble pas expliquer ce "coup de pouce". Dans un second temps, nous montrons qu'en mathématiques, les classes dans lesquelles les enseignants présentent les biais les plus élevés en faveur des filles sont aussi les classes dans lesquelles les filles progressent le plus relativement aux garçons. Ce nouveau résultat est compatible avec les recherches qui montrent que les méthodes de notation influencent la motivation et les progressions des élèves et il fournit une explication à la réduction des écarts de réussite observés entre filles et garçons en mathématiques durant le collège.
- "Les filles sont-elles discriminées en science ? Les enseignements du concours d'entrée à l'ENS", Note de l'IPP n°15, décembre 2014.
par Thomas Breda et Son Thierry Ly.
Résumé
Les stéréotypes et les normes sociales poussent les filles à s'orienter vers des études littéraires plutôt que scientifiques. L'objet de cette note IPP est d'examiner dans quelle mesure les professeurs sont susceptibles de renforcer cette auto-sélection en discriminant les jeunes femmes qui tentent d'intégrer les disciplines dominées par les hommes. En utilisant le concours d'entrée de l'école normale supérieure de Paris comme une "expérience naturelle", nous montrons que c'est en réalité le phénomène inverse qui est à l'œuvre. La discrimination s'exerce au bénéfice des filles dans les disciplines traditionnellement dominées par les hommes (mathématiques ou philosophie, par exemple), alors qu'elle joue en faveur des garçons dans les matières réputées plus "féminines" (biologie ou littérature), réduisant ainsi légèrement la ségrégation de genre entre disciplines. La tendance des examinateurs à discriminer les candidats en fonction de leur sexe est identifiée à partir des différences entre les résultats aux épreuves écrites anonymes (qui neutralisent la discrimination de genre) et aux épreuves orales (où le sexe des candidats est connu des examinateurs). Cette discrimination va à l'encontre des stéréotypes de genre. Elle est susceptible de s'expliquer par le fait que les examinateurs tentent d'aider - consciemment ou inconsciemment - le sexe en minorité dans leur discipline. Ces résultats suggèrent que les filles peuvent s'engager dans les filières d'études traditionnellement réservées aux hommes sans craindre d'y être discriminées.