Entreprises, enfants : quels rôles dans les inégalités salariales entre femmes et hommes ? Insee. Février 2019.
Une étude de l'Insee analyse les effets de la parentalité, conjugués aux effets de répartition entre entreprises, sur les écarts salariaux entre femmes et hommes au cours du cycle de vie familiale. Les périodes de vie familiale apparaissent comme des périodes de fortes progressions de carrière chez les hommes. Ce n'est pas le cas pour les femmes qui, après la première naissance, travaillent de manière croissante dans les entreprises moins rémunératrices, à proximité de leur domicile. Cela peut être dû aux choix des mères qui recherchent des conditions de travail leur permettant de concilier vies professionnelle et familiale. La progression salariale moins favorable des mères actives pourrait aussi provenir de comportements discriminatoires des entreprises versant les plus hautes rémunérations, réticentes à embaucher ou à retenir les femmes lorsqu'elles ont des enfants (mais l'étude ne permet pas de trancher entre les deux explications).
Insee Analyses n°44, 19 février 2019.
par Élise Coudin, Sophie Maillard, SSP Lab, Insee et Maxime Tô, Institut des Politiques publiques.
Résumé
Dans le secteur privé, la plus forte concentration de femmes que d'hommes de mêmes compétences productives dans des entreprises généralement moins rémunératrices compte pour 11% des inégalités de salaire horaire selon le sexe. Cet effet, dû aux écarts de répartition entre femmes et hommes entre entreprises, s'amplifie à la naissance des enfants, en particulier à celle du deuxième enfant : il est près de deux fois plus important entre mères et pères qu'entre femmes et hommes sans enfant. La hausse de l'effet de répartition au cours du cycle de vie familiale est liée à une présence plus forte des mères dans les entreprises proches de leur domicile et offrant un temps de travail plus flexible. Les sorties du marché du travail des mères de jeunes enfants influent aussi sur l'évolution de l'effet de répartition les années suivant la naissance. Concilier vies familiale et professionnelle peut aussi conduire à des contraintes réduisant les opportunités salariales des mères. Les mères changent moins souvent d'employeur que les pères et travaillent plus souvent dans des entreprises où la part de salariés rémunérés au Smic est plus importante. Ces dynamiques de carrières moins favorables s'ajoutent à la baisse de salaire qui suit une naissance pour les mères et non pour les pères.
Sommaire
- Un salaire en équivalent temps plein moyen des femmes, 18% inférieur en 2015 à celui des hommes
- Un écart de salaire bien plus élevé entre mères et pères qu'entre non-parents
- Répartitions inégales selon le sexe entre entreprises ou inégalités intra-entreprises ?
- Un effet de répartition activé au moment des naissances
- Une ségrégation des mères dans les entreprises…
- … proches du domicile et offrant une flexibilité horaire, mais avec moins d'opportunités salariales
Source : Insee Analyses n°44, février 2019