Étendue et perception de la violence au travail. Observatoire du bien-être. Mars 2020.
L'Observatoire du Bien-être (CEPREMAP) publie une note sur les comportements hostiles subis au travail. Avec une personne concernée sur trois dans l'enquête Conditions de travail, le phénomène est malheureusement fréquent. En France en 2015, 20 % des femmes et 15,5 % des hommes déclarent avoir subi au moins un fait de violence au travail au cours des douze derniers mois. Cette étude montre que les comportements se cumulent souvent, et prennent rapidement une coloration sexuelle quand les victimes sont des femmes.
Note de l'Observatoire du Bien-être n° 2020-03, mars 2020.
par Iris Laugier.
Résumé
La violence au travail n'a en France rien d'anecdotique. Interrogés sur leurs conditions de travail, pratiquement un tiers des répondants déclarent avoir été exposés à un comportement malveillant au cours de l'année. Cette malveillance prend des formes multiples, et cumulatives : plus d'un tiers des personnes concernées sont exposées à au moins trois comportements hostiles différents. Afin de bien prendre acte de l'ampleur de ce phénomène, nous dressons un panorama de ces comportements, en tête desquels figurent des attitudes malheureusement ordinaires, comme la critique injuste ou les entraves à l'expression de la personne. Du côté des victimes, l'âge ou le mépris envers la profession exercée constituent les motifs les plus souvent déclarés.
Les femmes sont plus souvent que les hommes victimes de ces comportements, hostiles, et particulièrement ceux comportant une teneur sexuelle. Le cumul de comportements malveillants est alors encore plus fréquent – au moins cinq types d'attaques différentes pour la moitié des individus exposés à de tels comportements. Dans ce contexte, des comportements a priori sans contenu sexuel prennent une coloration sexiste. Les femmes sont d'ailleurs les premières à bien identifier cette contamination, et attribuent beaucoup plus souvent que les hommes les comportements hostiles à leur sexe. Chez les hommes, les motifs relatifs à l'origine, la nationalité ou les convictions religieuses et politiques sont relativement plus fréquents.
En étendant le champ pour intégrer des comportements en apparence plus anodins, telles les blagues sexistes, nous prenons la mesure d'un sexisme ordinaire largement répandu et toléré dans le monde du travail en France. S'ils sont les plus exposés à ce genre de propos, les moins de trente ans sont nombreux à ne pas se sentir dérangés par ces propos.
Pour aller plus loin :
Un ouvrage de l'INED à paraître au printemps 2020 qui étudie les violences de genre dans l'ensemble des sphères de la vie (couple, famille, travail, études, espaces publics) à travers l'analyse des résultats de l'enquête VIRAGE (2015) : Brown E., Debauche A., Hamel H., Mazuy M., Violences et rapports de genre : Enquête sur les violences de genre en France, Collection Grandes Enquêtes, Ed. de l'Ined (à paraître). Le chapitre 7 rédigé par Sylvie Cromer et Adeline Raymond est consacré aux violences au travail.
Source : Note de l'Observatoire du Bien-être n° 2020-03, mars 2020.