Évolution des taux d'activité en Europe pendant la Grande Récession. OFCE. Juin 2017.
"Évolution des taux d'activité en Europe pendant la Grande Récession : le rôle de la démographie et de la polarisation de l'emploi", Blog de l'OFCE, billet du 7 juin 2017.
par Guillaume Allègre et Gregory Verdugo.
Résumé
En Europe comme aux États-Unis l'emploi a considérablement reculé pendant la Grande Récession. De plus, au cours des dernières décennies, les forces de l'automatisation et de la mondialisation ont bouleversé les marchés du travail dans les deux régions. Cependant, la réponse des taux d'activité à ces changements a varié d'un pays à l'autre : le taux d'activité a diminué aux États-Unis, tandis qu'il a augmenté au sein de l'UE malgré une faible croissance et un chômage élevé persistant. Comment expliquer ces différences des deux côtés de l'Atlantique ?
Pour répondre à cette question, les deux économistes de l'OFCE ont étudié les déterminants de l'évolution de la population active au cours des deux dernières décennies aux États-Unis et dans douze pays européens. Ils montrent que ces divergences proviennent de changements démographiques (davantage de baby-boomers sont partis à la retraite aux États-Unis), mais également d'une hausse des taux d'activité des femmes en Europe. La hausse du nombre de diplômés du supérieur dans l'UE, notamment chez les femmes, n'explique cependant pas tout. Durant la Grande Récession, la demande de travail peu qualifié pour occuper des emplois à bas salaires a profité davantage aux femmes qu'aux hommes. À l'inverse, le mouvement de polarisation de l'emploi, et donc de destruction des emplois intermédiaires, plus marqué en Europe qu'aux États-Unis, a davantage affecté les hommes, dont le taux de participation au marché du travail a eu tendance à reculer depuis la crise.
Pour aller plus loin :
Guillaume Allègre, Gregory Verdugo, "Labour Force Participation and Job Polarization: Evidence from Europe during the Great Recession", Sciences Po OFCE, Working Paper n°16, mai 2017.