Faut-il une nouvelle grande théorie économique ? Natixis. Mai 2021.
Flash Economie n° 346, 10 mai 2021.
par Patrick Artus.
Résumé
La crise de 1929 fait apparaître la théorie keynésienne, puisque la théorie classique ne pouvait pas expliquer le sous-emploi ; l'inflation des années 1970-80 fait apparaître les théories de l'offre et la nouvelle théorie monétaire, après qu'on ait essayé de répondre à un choc d'offre par une stimulation de demande et qu'il n'en ait résulté que l'inflation.
Faut-il aujourd'hui une nouvelle grande théorie économique pour expliquer les évolutions récentes ? Ce n'est pas sûr, car :
- nous disposons de modèles explicatifs des crises financières : mimétisme, anticipations autoréalisatrices, bulles rationnelles, bulles d'optimisme, crises de balance des paiements…
- nous comprenons pourquoi l'inflation est faible à court terme et à long terme : perte de pouvoir de négociation des salariés, passage d'une monnaie de transaction à une monnaie de placement ;
- nous avons des explications de ce que les innovations technologiques ne soutiennent pas la productivité : concentration des entreprises et positions dominantes, polarisation du marché du travail liée à la digitalisation-robotisation de l'économie ;
- nous comprenons le niveau anormalement bas des taux d'intérêt avec le nouveau comportement des Banques Centrales et l'excès mondial d'épargne.
Le besoin n'est donc pas celui d'une nouvelle grande théorie, plutôt d'une compréhension plus complète de mécanismes spécifiques et locaux de l'économie, des nouveaux comportements de certains agents économiques.