La mobilité sociale marque le pas dans les pays de l'OCDE. OCDE. Juin 2018.
Alors que les inégalités de revenu et des chances se creusent dans les pays de l'OCDE et dans certaines économies émergentes, l'OCDE publie un rapport sur la mobilité sociale avec des données inédites, intitulé L'ascenseur social en panne ? Comment promouvoir la mobilité sociale.
► Le communiqué de presse : Des mesures s'imposent pour s'attaquer aux blocages de l'ascenseur social (15 juin 2018) et la synthèse du rapport : L'ascenseur social est-il en panne (Policy Brief, juin 2018).
Résumé
Alors que les inégalités de revenu se creusent depuis les années 90, la mobilité sociale marque le pas : les personnes situées au bas de l'échelle sont désormais moins nombreuses à grimper les échelons, tandis que les plus riches conservent, dans une large mesure, leurs privilèges. Or les effets d'une telle situation sur le plan économique, social et politique sont très dommageables, selon un nouveau rapport publié par l'OCDE. L'étude A Broken Social Elevator ? How to Promote Social Mobility montre que, compte tenu des niveaux actuels d'inégalités et de mobilité intergénérationnelle sur l'échelle des revenus, au moins cinq générations (ou 150 ans) pourraient être nécessaires, en moyenne dans les pays de l'OCDE, pour que les enfants de familles modestes parviennent à se hisser au niveau du revenu moyen (voir le graphique ci-dessous). Dans les pays nordiques, cela pourrait prendre deux à trois générations seulement, tandis que dans certaines économies émergentes, ce processus pourrait se dérouler sur neuf générations ou plus. Un enfant sur trois dont le père a des revenus modestes percevra lui aussi de faibles revenus ; pour les deux autres tiers, la mobilité ascendante sur l'échelle des revenus se limitera souvent à l'échelon voisin.
D'une génération à l'autre, les perspectives de mobilité sur l'échelle des revenus sont généralement moins favorables dans les pays caractérisés par de fortes inégalités de revenu, et plus favorables dans les pays où les inégalités sont peu marquées. Les pays nordiques conjuguent mobilité élevée sur l'échelle des revenus et inégalités faibles, contrairement aux pays latino-américains et à certaines économies émergentes où la mobilité est faible alors que les inégalités sont prononcées.
Pour un grand nombre de personnes nées de parents peu qualifiés entre 1955 et 1975, la mobilité sur l'échelle des revenus était une réalité ; pour celles qui sont nées après 1975, elle s'est considérablement restreinte.
► Le rapport de l'OCDE (en anglais) : A Broken Social Elevator ? How to Promote Social Mobility, 15 juin 2018.
Le rapport en français publié en mai 2019 : L'ascenseur social en panne ? Comment promouvoir la mobilité sociale.
Résumé
Ce rapport apporte de nouveaux résultats sur la mobilité sociale dans un contexte d'inégalités croissantes de revenu et des chances dans les pays de l'OCDE et dans certaines économies émergentes. Il couvre à la fois la mobilité intergénérationnelle, entre parents et enfants, et la mobilité individuelle sur l'échelle des revenus tout au long de la vie. Il met en évidence les faibles perspectives de mobilité intergénérationnelle (dans ses différentes dimensions : revenus, niveau d'éducation, emploi, santé) et de mobilité intra-générationnelle (dans sa dimension monétaire). Il fait apparaître notamment un manque de mobilité en bas et en haut de l'échelle sociale. Les enfants nés en bas de la distribution des revenus ont peu de possibilités d'ascension sociale ; ceux qui se situent en bas de l'échelle de distribution parviennent à transmettre les avantages dont ils bénéficient à leurs enfants qui monopolisent les opportunités au sommet. La transmission des privilèges et les handicaps d'une génération à l'autre ne concerne pas que les revenus, mais aussi la réussite scolaire et le niveau de formation, l'accès aux emplois plus qualifiés, l'état de santé. Ces phénomènes de « verrouillage », d'immobilité en bas et en haut de l'échelle des revenus, s'observent aussi pour la mobilité des individus tout au long de la vie. Ce manque de mobilité sociale a des répercussions économiques, sociales et politiques. Le rapport examine les mesures que peuvent prendre les pouvoirs publics pour améliorer la mobilité sociale entre et au sein des générations.
► La note pour la France : L'ascenseur social en panne ? Où en est la France ?, juin 2018.
L'étude pour la France montre que la transmission du statut socio-économique d'une génération à l'autre est plus marquée que dans beaucoup de pays de l'OCDE. Le rapport pointe notamment une faible mobilité des revenus des individus au cours de leur vie et le rôle du système éducatif dans le manque de mobilité intergénérationnelle en bas de l'échelle sociale : « Malgré l'accès généralisé à l'éducation de la petite enfance et la gratuité du système d'éducation, les chances de réussite professionnelle des jeunes dépendent fortement du quartier dans lequel ils grandissent et du niveau de capital humain et social de leurs parents. »
► Les outils interactifs proposés par l'OCDE :
- Compare your income / Comparez vos revenus, avec de nouvelles questions sur la mobilité économique suivant les générations.
- Social mobility in our societies (accessible sur cette page) : cet outil permet de comparer les niveaux d'inégalités de revenus (indice de Gini) et de mobilité sociale entre générations (revenus, emplois, éducation, santé) dans les pays de l'OCDE.
► Site Inclusive growth de l'OCDE.
Base de données de l'OCDE sur la distribution des revenus (gini, pauvreté, revenus, méthodes et concepts).
Quelques graphiques extraits de la note pour la France :
Il faut 5 générations (ou 150 ans) en moyenne dans l'OCDE, et 6 générations en France, pour que les enfants de familles modestes atteignent le niveau du revenu moyen :
Cliquez sur les images agrandir les graphiques
Source : OCDE, A Broken Social Elevator ? Note pour la France, juin 2018.