L'absence d'efficacité des politiques monétaires expansionnistes a conduit à l'apparition de nouvelles théories hétérodoxes. Natixis. Juin 2019.
Flash Économie n°749, 14 juin 2019.
par Patrick Artus.
Résumé
Nous regardons les exemples des Etats-Unis et de la zone euro. Les politiques monétaires très expansionnistes mises en œuvre ont eu peu d'effets sur l'inflation, le crédit, les prix des actifs, donc au total sur l'équilibre macroéconomique. Ce constat a fait apparaître des théories nouvelles hétérodoxes:
- le fait que la politique monétaire expansionniste ne ramène pas l'inflation a fait apparaître le néo-fishérisme : la théorie selon laquelle, à long terme, le taux d'intérêt nominal détermine l'inflation ; des taux d'intérêt nominaux durablement faibles conduisent donc à une inflation faible.
- le fait que la politique monétaire expansionniste a un effet faible sur le crédit, les prix des actifs, donc l'activité réelle et que donc la politique budgétaire est plus efficace que la politique monétaire pour soutenir l'activité a fait apparaître :
- la théorie de «l'helicopter money» : il faut cibler la création monétaire en distribuant de la monnaie aux agents économiques dont on veut soutenir la dépense ;
- la Théorie Monétaire Moderne (Modern Monetary Theory, MMT) : il faut utiliser la politique budgétaire pour maintenir en permanence le plein emploi, et il faut financer le déficit public par la création monétaire pour éviter la hausse des taux d'intérêt.
Ces théories hétérodoxes stimulent la réflexion :
- Si les taux d'intérêt nominaux sont faibles, comment l'équation de Fisher est-elle respectée à long terme ?
- Quelle est la différence entre l'helicopter money et le Quantitative Easing ?
- Quels sont les risques associés à l'utilisation de la Théorie Monétaire Moderne ?