Le modèle économique allemand: une stratégie pour l'Europe? Fondation R. Schuman. Avril 2012.
Publié le 29/04/2012
Questions d'Europe n°237, 23 avril 2012.
par Alain Fabre, économiste, Conseil financier d'entreprises.
Résumé
Avec l'épuisement des politiques économiques de stimulation de la croissance par la consommation et l'endettement, les stratégies de croissance fondées sur la compétitivité des entreprises et la maîtrise des comptes publics apparaissent comme des solutions gagnantes sur le front de l'activité comme du chômage. Si elle n'est pas la seule à incarner cette stratégie, notamment en Europe, l'Allemagne fait figure d'archétype de ce type de stratégie. Cœur des politiques de sortie de crise au sein de la zone euro, le modèle économique allemand est pourtant mal connu.
Le modèle allemand constitue une réponse originale à la crise des années 1930 et aux impératifs de la reconstruction d'après-guerre. Récusation de l'activisme public, keynésien comme aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, ou colbertiste sur le modèle français, le modèle allemand a pour première dimension la préservation d'une concurrence équitable et ordonnée. La politique économique poursuit un objectif de stabilité destiné à modérer les prélèvements sur l'économie dans le cas de l'instrument budgétaire, et à éviter de modifier discrétionnairement la formation de prix sur les marchés ou de biaiser les conflits de répartition, dans le cas de l'instrument monétaire. Le coeur du modèle de croissance allemand, c'est l'entreprise, levier de la performance économique et lieu de l'intégration sociale. Constituée en communauté de responsabilité entre des patrons misant sur le travail qualifié et des salariés conscients que la solidité financière de l'outil de production est le plus sûr garant contre les risques de chômage, les entreprises allemandes sont portées sur des stratégies de long terme.
Mise à mal par le poids de la réunification - 1900 milliards € sur 20 ans - l'Allemagne a réagi par des réformes portées par les grandes familles politiques pour permettre au modèle d'affronter une mondialisation en voie d'intensification. A l'heure où la plupart des économies développées cherchent à desserrer la contrainte d'endettement par des politiques particulièrement restrictives, l'Allemagne se singularise par une croissance soutenue et un taux de chômage très réduit.
A l'heure où la plupart des économies européennes s'interrogent sur l'équilibre entre performances économique et protection sociale, l'Allemagne montre que l'un et l'autre peuvent constituer l'alchimie efficace à l'âge de la mondialisation. A bien y regarder, le modèle allemand emprunte à des traditions européennes anciennes, du nord de l'Italie aux cités hanséatiques. L'Allemagne a-t-elle réussi à démontrer le bien-fondé du modèle européen ?
par Alain Fabre, économiste, Conseil financier d'entreprises.
Résumé
Avec l'épuisement des politiques économiques de stimulation de la croissance par la consommation et l'endettement, les stratégies de croissance fondées sur la compétitivité des entreprises et la maîtrise des comptes publics apparaissent comme des solutions gagnantes sur le front de l'activité comme du chômage. Si elle n'est pas la seule à incarner cette stratégie, notamment en Europe, l'Allemagne fait figure d'archétype de ce type de stratégie. Cœur des politiques de sortie de crise au sein de la zone euro, le modèle économique allemand est pourtant mal connu.
Le modèle allemand constitue une réponse originale à la crise des années 1930 et aux impératifs de la reconstruction d'après-guerre. Récusation de l'activisme public, keynésien comme aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, ou colbertiste sur le modèle français, le modèle allemand a pour première dimension la préservation d'une concurrence équitable et ordonnée. La politique économique poursuit un objectif de stabilité destiné à modérer les prélèvements sur l'économie dans le cas de l'instrument budgétaire, et à éviter de modifier discrétionnairement la formation de prix sur les marchés ou de biaiser les conflits de répartition, dans le cas de l'instrument monétaire. Le coeur du modèle de croissance allemand, c'est l'entreprise, levier de la performance économique et lieu de l'intégration sociale. Constituée en communauté de responsabilité entre des patrons misant sur le travail qualifié et des salariés conscients que la solidité financière de l'outil de production est le plus sûr garant contre les risques de chômage, les entreprises allemandes sont portées sur des stratégies de long terme.
Mise à mal par le poids de la réunification - 1900 milliards € sur 20 ans - l'Allemagne a réagi par des réformes portées par les grandes familles politiques pour permettre au modèle d'affronter une mondialisation en voie d'intensification. A l'heure où la plupart des économies développées cherchent à desserrer la contrainte d'endettement par des politiques particulièrement restrictives, l'Allemagne se singularise par une croissance soutenue et un taux de chômage très réduit.
A l'heure où la plupart des économies européennes s'interrogent sur l'équilibre entre performances économique et protection sociale, l'Allemagne montre que l'un et l'autre peuvent constituer l'alchimie efficace à l'âge de la mondialisation. A bien y regarder, le modèle allemand emprunte à des traditions européennes anciennes, du nord de l'Italie aux cités hanséatiques. L'Allemagne a-t-elle réussi à démontrer le bien-fondé du modèle européen ?