Le travail et ses aménagements : ce que la pandémie de covid-19 a changé pour les Français. Ined. Juillet 2020.
Population et Sociétés, n° 579, juillet 2020.
par Anne Lambert, Joanie Cayouette-Remblière, Elie Guéraut, Guillaume Le Roux, Catherine Bonvalet, Violaine Girard, Laetitia Langlois.
Présentation
Le confinement lié à la pandémie de covid-19 a entraîné l'arrêt du travail pour une partie des actifs et son réaménagement pour d'autres. La diffusion du télétravail n'a pas touché de façon égale les différentes professions. Et les conditions de vie des femmes et des hommes à la maison, comme celles des enfants, n'ont pas été affectées de la même façon d'une catégorie sociale à l'autre, comme nous l'expliquent Anne Lambert et ses collègues en s'appuyant sur l'enquête Coconel (par internet du 30 avril au 4 mai 2020).
Résumé
Avec la pandémie de covid-19 et l'entrée dans la récession, l'emploi s'est fortement rétracté en France : 30 % des actifs occupés le 1er mars 2020 sont à l'arrêt deux mois après. Mais la pandémie a également modifié les conditions de travail des Français, bouleversé l'usage du logement et renforcé les inégalités de sexe – au risque de se transformer en effets structurels sur le long terme. Ainsi, les cadres, qui ont plus souvent gardé leur emploi, ont massivement basculé en télétravail avec le confinement au contraire des autres catégories sociales. Pour les femmes, la crise sanitaire et désormais économique a nettement dégradé leur situation : elles ont plus souvent perdu leur emploi et leurs conditions de travail sont moins bonnes que celles des hommes. Si le télétravail recouvre des réalités différentes, il s'accompagne plus souvent d'une dégradation des liens avec les enfants.
Sommaire
- Emploi : le décrochage des femmes et des catégories populaires
- Travailler dans son logement : les nouvelles formes du télétravail et ses inégalités
- Les enfants disposent-ils à la maison d'une pièce à eux pour travailler ?
- Travail, télétravail et bien-être : la nouvelle donne ?
COCOVI – Confinement, Conditions de vie et Inégalités, un projet de recherche de l'Ined
COCOVI – Confinement, Conditions de vie et Inégalités, est un projet de recherche de l'Ined, unité de recherche Logement, inégalités spatiales et trajectoires, sous la responsabilité d'Anne Lambert.
Le projet COCOVI a pour objectif d'analyser les conditions de logement et de vie des ménages en France, pendant la période de pandémie du Covid-19. Il permet notamment de mesurer les écarts de situation avant et pendant le confinement pour les ménages issus de différents milieux et vivant dans différents types de territoires (rural, périurbain, centre, banlieue pavillonnaire, grand ensemble...). Ces écarts de situation peuvent être dus à des changements dans la configuration et la composition des ménages, et/ou à un changement (temporaire ou définitif) de logement.
Le projet s'appuie sur trois types de données complémentaires : des entretiens approfondis réalisés auprès de ménages confinés dans différents types de territoires ; le traitement secondaire d'enquêtes de la statistique publique réalisées en population générale (enquête Logement notamment) ; un questionnaire ad hoc recueilli auprès d'un échantillon d'un millier de personnes, représentatif de la population adulte française. L'enquête longitudinale par questionnaire est menée par l'Ined en partenariat avec le consortium COCONEL (laboratoire VITROME).
Source : Population et Sociétés, 579, juillet 2020.
Voir aussi :
• Comment voisine-t-on dans la France confinée ? INED. Juin 2020.
• Bruno Ducoudré et Hélène Périvier, L'emploi des femmes et des hommes pendant la période de confinement du 17 mars au 10 mai 2020. Blog de l'OFCE, 22 juillet 2020.
Cette étude de l'OFCE estime l'effet différencié du confinement sur l'emploi des femmes et des hommes. La ségrégation sexuée du marché du travail par secteur et selon les professions implique que les femmes et les hommes n'ont pas été affectés de la même manière durant la période de confinement. Les femmes sont légèrement sur-représentées parmi les personnes pouvant potentiellement télétravailler (55,7 %). 38 % des femmes actives occupées occupent un poste pour lequel le télétravail serait possible contre 28 % des hommes. Les femmes ont dans le même temps continué à assumer la plus grande partie des tâches familiales et domestiques accrues durant cette période, combinant télétravail et éducation des enfants. Contrairement à la crise de 2008 qui était concentrée sur des secteurs particulièrement masculins (construction et industrie), celle que nous traversons en 2020 est répartie dans plusieurs secteurs dont certains sont dominés par les femmes.