Les cultures juvéniles à l'ère de la globalisation. DEPS. Février 2017.
Cette publication du Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS, Ministère de la Culture et de la Communication) est issue de l'ouvrage L'amateur cosmopolite. Goûts et imaginaires culturels juvéniles à l'ère de la globalisation, de Vicenzo Cicchelli et Sylvie Octobre (Éd. MCC, coll. "Questions de culture", février 2017), qui rend compte des résultats d'une enquête sur les usages culturels des jeunes de 18 à 29 ans.
La globalisation des industries culturelles et la circulation croissante des œuvres et des contenus culturels grâce aux nouvelles technologies, ont entrainé une internationalisation des consommations, des goûts et des imaginaires culturels des jeunes, notamment dans les domaines de la musique, des jeux vidéo, des séries télévisées, de la littérature ou du cinéma. En mobilisant le concept de "cosmopolitisme esthético-culturel", les auteurs s'interrogent sur le rôle joué par cette consommation juvénile de biens culturels globalisés dans la construction du rapport au monde des jeunes, un rapport au monde plus cosmopolite, à la fois pluriel, ouvert à la différence, et uni par des références communes. Ils montrent que les jeunes se distinguent par le degré de cosmopolitisme de leurs consommations et goûts culturels.
Cinq profils de cosmopolitisme esthético-culturel sont identifiés et mis en relation avec le capital culturel, l'origine sociale, le lieu d'habitation et le genre. Néanmoins, 83% des jeunes interrogés se positionnent dans l'une des trois configurations du cosmopolitisme esthético-culturel, ce qui semble indiquer que le cosmopolitisme en matière culturelle est devenu une "norme inclusive de bon goût générationnel".
Culture Etudes n°1, DEPS, février 2017.
Synthèse : L'amateur cosmopolite
Résumé
Les œuvres et contenus culturels circulent de manière croissante dans le monde et contribuent à façonner des répertoires et des goûts juvéniles désormais internationalisés. Ainsi la série Game of Thrones, qui a battu tous les records d'audience, Waka waqua, l'hymne de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud en 2010 interprété par Shakira, chanteuse colombienne qui fait carrière aux États-Unis ou encore Naruto, personnage de manga japonais, sont-ils devenus des références partagées par les jeunes Français aujourd'hui, aux côtés d'icônes nationales comme Astérix ou David Guetta.
Mangas, comics, films asiatiques, blockbusters hollywoodiens, cinéma bollywoodien, séries sud-coréennes ou scandinaves et musiques de tous les continents fonctionnent comme autant de fenêtres sur le monde et contribuent à rendre l'étranger familier. Que ce soit dans le domaine de la pop musique, des jeux vidéo, des séries télévisées, de la littérature ou du cinéma, la globalisation des industries culturelles et la circulation croissante des œuvres et des contenus, facilitée par la technologie numérique, sont ainsi des facteurs majeurs de l'internationalisation des répertoires de consommations et des imaginaires culturels des jeunes.
Comment les jeunes construisent-ils leur rapport au monde par l'intermédiaire de biens culturels globalisés ? Cinq configurations de cosmopolitisme esthétique et culturel sont identifiées à partir du degré d'internationalisation des consommations et préférences, du mode linguistique de consommation (français ou langue originale), ainsi que des imaginaires globaux et des valeurs qui leur sont associés. Du cosmopolitisme involontaire lié à la consommation de la production culturelle mainstream, à des formes plus engagées d'ouverture (cosmopolitisme sectoriel et principiel), mais aussi de la préférence culturelle nationale à l'impossible cosmopolitisme, les consommations culturelles des jeunes leur confèrent des ressources et des compétences et dessinent des rapports au monde contemporain variés où le cosmopolitisme ordinaire devient une norme inclusive de bon goût générationnel.
Les cinq configurations de cosmopolitisme esthético-culturel chez les 18-29 ans
Configurations de cosmopolitisme esthético-culturel et stratification sociale
Source : DEPS, Ministère de la Culture et de la Communication, 2017