Les liens entre taux d'épargne, revenu et incertitude. Insee. Avril 2020.
Les liens entre taux d'épargne, revenu et incertitude : une analyse à partir de l'enquête Budget de famille 2011, Economie et Statistique, n° 513, 2019, paru le 1er avril 2020.
par Céline Antonin
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Présentation
Si les ménages anticipaient parfaitement leurs revenus, leur taux d'épargne ne dépendrait théoriquement que de leur revenu permanent, c'est-à-dire de l'ensemble des revenus qu'ils prévoient de percevoir au cours de leur vie. Dans la réalité, les revenus des ménages sont soumis à de nombreux aléas, au premier rang desquels le risque de chômage. Face à ce risque, les ménages accumulent une épargne de précaution : quelle est l'ampleur de cette épargne face au risque de chômage ? Dépend-elle du revenu des ménages ?
Résumé
L'article étudie, à partir des données de l'enquête Budget de famille 2010-2011 de l'Insee, les liens entre le taux d'épargne des ménages français et leur revenu. On montre que le taux d'épargne des ménages les plus riches croît avec le revenu permanent : ces derniers épargnent davantage sur le cycle de vie. En outre, l'analyse empirique permet de mettre en évidence et de quantifier un motif de précaution lié au risque de chômage : le motif de précaution entraîne un surplus de flux d'épargne d'environ 6,4 % pour les ménages actifs. Par ailleurs, la part du patrimoine de précaution liée à l'incertitude sur le revenu futur est comparable, autour de 6,3 % de la richesse globale. Enfin, l'importance du motif de précaution dépend du niveau de revenu selon une courbe en U inversé : il est près de deux fois plus fort pour les ménages des troisième et quatrième quintiles que pour les quintiles extrêmes de revenu.
L'analyse économique des comportements d'épargne sur le cycle de vie
Historiquement, les modèles de cycle de vie et de revenu permanent, dus à Modigliani & Brumberg (1954) et Friedman (1957), ont fourni l'un des premiers cadres théoriques pour penser les comportements d'épargne. Ces modèles ont été enrichis de la théorie de l'épargne de précaution – déjà évoquée par Keynes (1936), puis modélisée par Leland (1968), Sandmo (1970), Drèze & Modigliani (1972) – qui montre que l'épargne joue également un rôle d'assurance contre les aléas affectant le ménage. Ainsi, les ménages n'épargnent-ils pas seulement pour compenser une baisse des revenus futurs, par exemple au moment de la retraite, mais également pour s'assurer contre d'autres sortes de risques liés au revenu, notamment celui d'une baisse non anticipée des revenus.
Source : Economie et Statistique n° 513, 2019, paru le 1er avril 2020.
Source : Economie et Statistique n° 513, 2019, paru le 1er avril 2020.