Quel intérêt économique pour un pays à signer ou sortir d'un accord commercial régional ? CEPII. Mai 2018.
Plus un pays est grand, plus il gagne à conclure des accords commerciaux avec ses partenaires. Ces gains s'élèvent lorsque les pays qui échangent sont de taille similaire, géographiquement proches, lorsque leurs spécialisations sont complémentaires et qu'ils sont fortement intégrés dans des chaînes de valeur mondiales. Cependant, les accords commerciaux «naturels» (fondés sur des déterminants économiques) ne sont pas toujours ceux qui sont effectivement négociés (qui dépendent aussi d'autres facteurs tels que la politique étrangère ou la proximité institutionnelle des pays). Cette étude du CEPII estime les gains à signer un accord régional de libre-échange justifié économiquement lorsque celui-ci n'existe pas et les gains à sortir d'accords existants mais «non naturels».
"Carnet de bal des accords commerciaux régionaux", La Lettre du CEPII n°387, avril 2018, en ligne le 16 mai 2018.
par Lionel Fontagné et Gianluca Santoni.
Résumé
Les difficultés du multilatéralisme ont renouvelé l'intérêt pour le régionalisme en matière d'accord commercial. Avec quels partenaires un pays a-t-il un intérêt économique à signer un accord ? Quels seraient les gains à le faire quand un tel accord n'existe pas ? Au contraire, y a-t-il des gains à sortir d'accords signés pour lesquels il n'y a au départ pas d'intérêt économique ? Telles sont les questions que l'étude reprise dans cette Lettre permet d'aborder.
Ses résultats montrent que la décision de sortir d'accords existants, quand bien même ils ne seraient pas justifiés par un intérêt économique, occasionne des pertes, et qu'il y a encore des gains à attendre de la signature de nouveaux accords pour lesquels il existe un intérêt économique. Néanmoins, les gains à attendre d'un accord régional, comme celui poussé par la Chine depuis novembre 2012 en réaction au partenariat Trans-Pacifique à 11, diminuent au fil du temps. Parce qu'elle est devenue un acteur d'importance globale, ce n'est plus tant avec ses voisins que la Chine a intérêt à signer des accords, mais avec d'autres puissances mondiales plus éloignées telles que l'Union européenne.