Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Navigation
Vous êtes ici : Accueil / Actualités / Veille / Une croissance moins polluante ? Encore faut-il savoir ce que l'on entend par croissance… The Conversation. Février 2024.

Une croissance moins polluante ? Encore faut-il savoir ce que l'on entend par croissance… The Conversation. Février 2024.

Publié le 19/03/2024

The Conversation, février 2024.

Par Albert Bouffange, Baptiste Andrieu, Florence Jany-Catrice, Pierre-Yves Longaretti.

Résumé

Le « découplage » renvoie à la possibilité qu'une réduction des impacts environnementaux ait lieu simultanément à la poursuite de la croissance économique. Empiriquement, il s'agit d'observer l'évolution conjointe des émissions de gaz à effet de serre et de la variation du produit intérieur brut (PIB) réel.

Un article récent de Gregor Semieniuk se demande si le PIB est un indicateur fiable pour traiter de la question du découplage. L'auteur retrace les différentes séries de PIB proposées au fil du temps et les « révisions structurelles » adoptées, qui concernent la méthode de calcul, son périmètre ou l'année de référence pour l'inflation. La tendance est claire : plus les définitions sont récentes, plus le PIB actuel est élevé, et plus la croissance passée est forte. Les résultats de « découplage » ou de « recouplage » varient grandement selon les séries de PIB utilisées : avec les définitions récentes, la croissance historique est plus forte qu'avec une définition plus « industrielle » du PIB, et il est donc plus aisé pour la courbe associée de s'écarter de celle des impacts environnementaux. En changeant simplement la mesure de l'activité économique, que l'on prend d'habitude pour évidente, Semieniuk transforme pour certains pays des découplages en recouplages, et vice-versa. Plus la définition est ancienne, plus les pays passant à la situation de découplage sont nombreux, mais en moyenne ce sont 10 à 30 pays qui passent d'une situation à son opposé en termes de découplage lorsque l'on change la définition du PIB, alors qu'on peut considérer qu'il s'agit là d'un artefact statistique.

Un degré supplémentaire de confusion s'ajoute lorsque l'on souhaite comparer différents pays. Cela mène à une autre conséquence, notamment pour les pays où les statistiques sont fragiles : si les taux de croissance des pays du Sud sont sur ou sous-estimés, cela implique des changements majeurs dans la crédibilité des réductions d'émissions qu'on leur demande dans les scénarii de lutte contre le changement climatique. Un PIB surévalué porte un regard très optimiste sur les tendances passées de performance environnementale comparée à la performance économique, et les tendances vont être prolongées dans les modèles de transition, utilisés notamment par le GIEC.

Sommaire

  • Des conventions et des erreurs qui se cumulent
  • Découplage ou recouplage ? Cela dépend en partie de la définition
  • Comparer dans le temps et dans l'espace

Cliquez sur l'image pour agrandir les figures.

Source : The Conversation France, février 2024. Source : Gregor Semieniuk. Créé avec Datawrapper.

Pour aller plus loin

Jany-Catrice F. (2019), « Les limites du PIB et de la croissance comme indicateurs de richesse et de progrès », entretien, SES-ENS.