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Une révision de la stratégie de consolidation budgétaire de la zone euro ? Avril 2012.

Publié le 29/04/2012


Résumé

L'Espagne, l'Italie, le Portugal sont confrontés à une très forte dégradation de leurs situations économiques qui compromet tous les efforts de réduction des déficits publics, fait peser la menace d'une crise sociale et politique et de l'éclatement de l'euro.
Ces pays subissent en effet les conséquences d'un policy-mix très restrictif : réduction souhaitée très rapide des déficits publics ; taux d'intérêt très élevés, aussi pour le secteur privé ; euro restant surévalué en termes réels. Il faut rappeler que les consolidations budgétaires réussies du passé (Canada, Suède, Italie, Finlande) ont toutes commencé par forte dépréciation du change suivie par une baisse des taux d'intérêt pour éviter le policy-mix restrictif.
Il faut donc aujourd'hui réviser rapidement la stratégie de consolidation budgétaire dans la zone euro :
- afficher des objectifs raisonnables de réduction du déficit public, et non des objectifs de réduction rapide des déficits qui ne peuvent pas être atteints et doivent être révisés ;
- faire baisser les taux d'intérêt dans les pays en difficulté, ce qui ne peut se faire que par des achats massif de la BCE ;
- soutenir la croissance là où il y a des marges de manœuvre (politique budgétaire allemande, fonds structurels, BEI...) ;
- essayer d'affaiblir l'euro.


Résumé

Nous pensons que la crise de la zone euro révèle que les autorités européennes ne comprennent pas quatre mécanismes économiques importants aujourd'hui dans la zone euro :
1. Baisser les salaires n'est pas un substitut à la dépréciation du taux de change nominal pour réaliser une dépréciation réelle : en raison essentiellement de la rigidité des prix, le coût en emploi de la baisse des salaires est beaucoup plus élevé ;
2. Beaucoup de pays de la zone euro n'ont d'ailleurs pas besoin d'une dépréciation réelle même s'ils ont aujourd'hui un déficit extérieur. Leur secteur manufacturier peut être trop petit pour que leur économie profite d'une dépréciation réelle ; dans beaucoup de pays (France et Italie étant des exceptions) la compétitivité-coût est bonne ;
3. Réduire le déficit extérieur par la baisse des salaires, qui joue surtout par la baisse de la demande intérieure, peut être incompatible avec la réduction du déficit public, ce qui est profondément déstabilisant ;
4. Faire disparaître le déficit extérieur est impossible sans conséquences sociales insupportables dans les pays très désindustrialisés de la zone euro.
Tout ceci implique qu'il faut laisser subsister, au moins pendant une période de temps assez longue, des déficits extérieurs dans les pays de la zone euro, ne pas essayer de les faire disparaître rapidement par la baisse de la demande intérieure, pour éviter l'effondrement de l'activité, permettre la réduction des déficits publics, donner le temps aux politiques structurelles d'avoir des effets, ce qui n'est possible qu'avec la mise en place d'une forme ou d'une autre de fédéralisme.

Résumé

Les consolidations budgétaires réussies des années 1990 (Canada, Suède, Finlande, Italie, en particulier) nous donnent des leçons très utiles pour les pays en difficulté de la zone euro aujourd'hui :
(1) une dégradation forte du change est très utile, à la fois parce qu'elle stimule l'économie et parce que, faisant disparaître le déficit extérieur, elle permet de financer le déficit public uniquement avec l'épargne domestique, d'où la baisse des primes de risque ;
(2) le retour à la confiance des ménages et des entreprises, qui se traduit par la baisse du taux d'épargne des ménages et par la hausse de l'investissement des entreprises, est central pour compenser les effets de la réduction des déficits publics sur l'activité ;
(3) il semble que la baisse des dépenses publiques soit une manière plus efficace de réduire les déficits publics que la hausse de la pression fiscale, ce qui peut venir d'effets de neutralité ricardienne ou d'effets d'offre liés à la hausse de la pression fiscale.
Il semble aujourd'hui en examinant la situation des pays de la zone euro que ces leçons des consolidations budgétaires réussies des années 1990 ont été peu écoutées.

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