Analyse économique des conventions
Cette nouvelle édition de l'ouvrage collectif sur l'Analyse économique des conventions ne diffère de la première édition de 1994 que par la suppression d'un chapitre (l'ancien chapitre 4) et par une remarquable nouvelle préface d'André Orléan. Ce livre qui trouve son origine dans un colloque est présenté comme une introduction à la problématique conventionnaliste ; pourtant sur les quinze auteurs, dix ne se réclament pas du courant des conventions. Mais comme le précise André Orléan : " le paradoxe n'est qu'apparent ", les économistes sont de plus en plus nombreux à s'interroger sur les problèmes de coordination, dans un cadre qui ne peut se limiter au marché de concurrence parfaite. Mais alors qu'est-ce qui fait la spécificité de l'approche conventionnaliste ? " une attention particulière aux questions de l'action et de la coordination, pensées comme transversales aux sciences sociales et nécessitant, de ce fait, une analyse transdisciplinaire " (Orléan p 11). La nouvelle préface s'attache à préciser le concept de convention avec la différentiation entre convention évolutionniste et convention légitimée, puis à réexaminer la question de l'incomplétude de la rationalité stratégique et enfin à présenter les diverses approches actuelles : convention de qualité, convention financière, monnaie souveraine.
Dans l'introduction à la première édition, Orléan écrit : " Ce livre constitue la nouvelle étape d'un travail collectif engagé depuis longtemps et dédié à une analyse des économies capitalistes qui reconnaîtrait le rôle essentiel joué par les formes non marchandes de coordination, de production et d'allocation de ressources (p53). Cela conduit Orléan à présenter un modèle général de la coordination économique par les conventions qui détermine la présentation en quatre parties de l'ouvrage :
La première partie sur : " L'incomplétude de la logique marchande pure " avec les textes de Robert Aumann, Pierre-André Chiappori et Mark Granovetter pose les problèmes de l'indétermination des équilibres, de l'incertitude, de l'irrationalité et de la confiance avec l'introduction des concepts de connaissance mutuelle, de théorie auto-réalisatrice et de réseaux sociaux
La deuxième partie sur : " Théorie de l'action collective en contexte " avec les textes d'Olivier Favereau, de Pierre Livet et Laurent Thévenot et de Jean-Pierre Ponssard montre comment un certain nombre de règles et de repères réduisent l'incertitude stratégique ce qui permet une logique collective de coordination.
La troisième partie est consacrée à l'approche évolutionniste des institutions (contributions de Michel Aglietta, Robert Boyer et André Orléan, Paul David) avec un intérêt partagé pour les problèmes que posent les "biens publics" en matière de coordination.
Enfin, la quatrième partie sur les "règles et modèles de l'entreprise" (textes de Masahiko Aoki, François Eymard-Duverney, Christophe Midler et Robert Salais) montre comment les problèmes de coordination dans l'entreprise ne peuvent être réduits à des questions contractuelles.
A noter :
- Bibliographie détaillée à la fin de chaque chapitre.
- Très peu de formalisation (quelques éléments de théorie des jeux).
André Orléan : directeur de recherches au CNRS (CEPREMAP).