Massification et démocratisation de l'accès à l'école et à l'enseignement supérieur
Les sources des graphiques et des données sont détaillées en fin d'article.
Depuis les années 1950, l'accès à l'École, puis à l'enseignement supérieur, s'est élargi : l'enseignement secondaire et supérieur s'est ouvert à des catégories sociales qui en étaient autrefois écartées et la durée de scolarisation moyenne s'est allongée. L'examen des taux de scolarisation, d'accès et de réussite à des diplômes permet de mettre en lumière ce phénomène de « massification » du système scolaire, tout en nuançant l'idée de « démocratisation » de l'école [1].
La massification de l'enseignement secondaire et de l'accès au baccalauréat
À la fois diplôme sanctionnant la fin des études secondaires et premier grade universitaire donnant accès à l'enseignement supérieur, le diplôme du baccalauréat était autrefois réservé à une élite. Jusqu'au début des années 1950, moins de 5 % des élèves d'une classe d'âge accède au baccalauréat. En 2017, cette proportion est de 79,6 %. L'élévation de la proportion de bacheliers dans une génération résulte d'un processus de massification du système scolaire français, notamment à partir des années 1960. Cette croissance de la scolarisation tient à des facteurs externes à l'institution scolaire (croissance économique, dynamique démographique) mais également à des politiques éducatives expansionnistes (Chapoulie, 2010). Une série de réformes contribue en effet à la démocratisation de l'enseignement secondaire (voir encadré). Une large partie de la population accède ainsi à un niveau de qualification auparavant réservé à une minorité, généralement issue des catégories sociales les plus privilégiées.
Les réformes éducatives ayant permis la démocratisation de l'enseignement secondaire depuis la guerre
1941 - Réforme Carcopino : l'enseignement primaire supérieur (EPS) est supprimé et intégré à l'enseignement secondaire. Adoptée sous Vichy, la réforme n'a pas de visée égalisatrice. Elle contribue pourtant à l'unification du second degré, qui était alors divisé entre l'école du peuple (l'EPS, qui préparait à l'entrée dans la vie active et au concours des écoles normales) et l'école des notables (l'enseignement secondaire dispensé dans les lycées, préparant au baccalauréat). La loi Carcopino favorise donc paradoxalement l'accès des enfants de classes populaires à la poursuite d'études et au baccalauréat.
1959 - Réforme Berthoin : la durée de scolarisation obligatoire est portée à 16 ans et les cours complémentaires (reliquats de l'EPS) sont transformés en collèges d'enseignement général (CEG), conduisant au certificat d'aptitude professionnel (CAP). L'ambition est de faire de la scolarisation dans le premier cycle d'un enseignement secondaire une nouvelle norme.
1963 - Réforme Fouchet-Capelle : la création des collèges d'enseignement secondaire (CES) permet d'unifier les divers enseignements du premier cycle du secondaire, tous les élèves transitant désormais par les mêmes classes du premier cycle (de la 6e à la 3e). Les CES sont néanmoins organisés en trois filières qui demeurent socialement différenciées.
1975 - Réforme Haby : institution du « collège unique », c'est-à-dire d'un premier cycle commun à tous. Les filières sont supprimées dans les CES ; les lycées, qui scolarisaient des élèves des classes élémentaires à la terminale, sont scindés en deux établissements distincts, entérinant la distinction contemporaine entre collège (premier cycle du secondaire) et lycée (second cycle du secondaire). L'unité n'est cependant pas totale : des filières de pré-professionnalisation sont maintenues sein des collèges pour les élèves en grande difficulté scolaire (SEGPA : Sections d'enseignement général et professionnel adapté) et ceux qui s'orientent vers l'apprentissage ou une filière professionnelle courte (4e et 3e préparatoires et technologiques, remplacées ensuite par les classes de 3e « prépa-pro »).
L'évolution du taux d'accès au baccalauréat résulte de la généralisation de l'enseignement secondaire, mais aussi de réformes qui ont diversifié le diplôme. La proportion de bacheliers dans une génération double dans les années 1950 pour se stabiliser autour de 11 % entre 1960 et 1965 (graphique 1). Bien que soutenue, la croissance de l'accès au bac est ensuite progressive et il faut attendre la fin des années 1970 pour qu'environ un quart d'une génération soit titulaire du baccalauréat. L'élévation de la proportion de bacheliers dans une génération est alors en partie tirée par l'augmentation du nombre de bacheliers technologiques : les bacs technologiques sont effet délivrés à partir de 1969 suite à la décision de transformer les brevets de technicien en baccalauréat.
Graphique 1 : Proportion de bacheliers dans une génération par voie (en %)
Champ : France métropolitaine jusqu'en 2000, France métropolitaine + DOM (hors Mayotte) à partir de 2001.
Source : MENJ-DEPP, Système d'information Ocean ; MAA ; Insee - recensement de la population.
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Proportion de bacheliers dans une génération
Il s'agit de la proportion de bacheliers d'une génération fictive d'individus qui auraient, à chaque âge, les taux de candidature et de réussite observés l'année considérée. Ce nombre est obtenu en calculant, pour chaque âge, la part de lauréats dans la population totale de cet âge, et en faisant la somme de ces taux par âge. Les calculs ont été faits en utilisant les séries démographiques de l'Insee.
Le mot d'ordre de « 80 % d'une génération au bac », lancé en 1985 comme objectif de l'enseignement secondaire, entraîne une croissance rapide du nombre de lycéens et de bacheliers dans la décennie qui suit (c'est la « seconde explosion scolaire »). La proportion d'une génération dotée d'un baccalauréat général passe de près de 20 % en 1985 à environ un tiers à partir de 1993, proportion qui restera stable jusqu'en 2010. La loi programme sur les enseignements technologiques et professionnels de 1985 crée en outre le baccalauréat professionnel, qui s'impose rapidement. En 1997, soit dix ans après la première délivrance de baccalauréat professionnel, près de 10 % d'une génération est titulaire de ce diplôme. Parallèlement, le nombre de baccalauréats technologiques augmente également et atteint son maximum historique en 2000 : les bacheliers technologiques représentent alors 18,5 % d'une génération. La proportion de bacheliers dans une génération, toutes filières confondues, passe ainsi de 29,4 % en 1985 à 62,8 % en 2000. Après une période de stagnation entre 1995 et 2010, le taux de bacheliers augmente à nouveau à partir de 2010, suite à la disparition du brevet d'études professionnelles (BEP) au profit de la préparation du baccalauréat professionnel en 2009. En 2017, près de 80 % d'une génération obtient un baccalauréat, dont une moitié de bacheliers généraux et un quart de bacheliers professionnels.
Une démocratisation limitée
L'évolution de la proportion de bacheliers dans une génération illustre donc l'élévation globale du niveau de formation. La question de la démocratisation de l'École suppose cependant de dépasser la dimension strictement quantitative de ce processus. Antoine Prost (1986) a distingué au milieu des années 1980 la « démocratisation quantitative » (allongement de la scolarisation) de la « démocratisation qualitative » (les cursus scolaires sont moins corrélés à l'origine sociale). Éric Maurin (2007) souligne que les politiques de démocratisation scolaire ont contribué à élever les niveaux de qualification moyens et à réduire les inégalités de destins entre enfants d'origine sociale différente. La massification de l'enseignement secondaire a en effet surtout bénéficié aux jeunes issus de milieux modestes, dont les scolarités ont pu s'allonger, ce qui s'est traduit pour bon nombre d'entre eux par une insertion professionnelle plus avantageuse que celle des générations précédentes. Des disparités dans la scolarité perdurent cependant en fonction de l'origine sociale des élèves.
Le baccalauréat est d'abord marqué par des inégalités d'accès aux filières. Dès les plus petites classes, les niveaux scolaires des élèves diffèrent en fonction de l'origine sociale (Duru-Bellat, Farges, van Zanten, 2018). Ces inégalités sociales de réussite s'accumulent au cours des carrières scolaires, sous l'effet de différents facteurs : la socialisation familiale [2] (capital culturel, pratiques éducatives, taille de la fratrie, conditions de vie, etc.) influence les performances académiques, mais le contexte scolaire [3] (composition de l'établissement, méthodes et contenus pédagogiques, climat des classes, etc.) a également un rôle dans la (re)production des inégalités de réussite. À partir du collège, les stratégies des acteurs scolaires et familiaux sont en outre source de nouvelles différenciations sociales dans les parcours scolaires, par le biais des choix d'option, de langue, d'établissement ou de filière. Dans le contexte de massification scolaire, les stratégies « distinctives » et le choix des filières les plus valorisées sont avant tout le fait des familles les plus favorisées socialement, tandis que les enfants de milieu populaire sont davantage enclins à l'« auto-sélection » et moins souvent encouragés par l'institution scolaire à demander les orientations les plus exigeantes. Les inégalités d'apprentissage et de réussite précoces liées au milieu d'origine et aux contextes, que l'école ne parvient pas à compenser, sont alors redoublées d'inégalités sociales (et sexuées) d'orientation, notamment en fin de troisième et de seconde. On constate ainsi que l'accès aux différentes filières du baccalauréat est inégal en fonction de l'origine sociale. Les élèves d'origine populaire sont surreprésentés dans les filières professionnelles et, dans une moindre mesure, technologiques. Par exemple, à la rentrée 2018, 28,3 % des lycéens scolarisés en formations générale et technologique sont issus d'une catégorie sociale très favorisée, contre 6,8 % des lycéens scolarisés en formations professionnelles (graphique 2 [4]).
Graphique 2 : Répartition des lycéens en fonction de leur filière à la rentrée 2018
Champ : France métropolitaine + DOM.
Source : MENJ-MESRI-DEPP, Système d'information Scolarité et enquête n° 16 auprès des établissements privés hors contrat.
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La ségrégation sociale du baccalauréat dépasse par ailleurs la comparaison entre filières : au sein du baccalauréat général lui-même, le recrutement social des séries littéraire, scientifique et économique et sociale est différencié. En 2015, 67,8 % des élèves de Terminale S étaient d'origine sociale aisée ou moyenne et 32,2 % d'origine sociale défavorisée ; contre respectivement 54,9 % et 45,1 % des élèves de Terminale L [5]. Pierre Merle (2000) parle ainsi de « démocratisation ségrégative » de l'accès au bac : bien que l'accès au bac se soit, toutes séries confondues, élargi socialement, le recrutement social des différentes séries de bac est de plus en plus différencié.
En plus de ces inégalités d'accès aux filières, des inégalités de réussite en fonction de l'origine sociale existent aussi dans le secondaire. Au sein de chaque série, le taux de réussite au baccalauréat est plus élevé pour les enfants de cadres et professions intellectuelles et supérieures que pour les enfants d'ouvriers. À la session 2018, le taux de réussite au baccalauréat général des premiers (95,1 %) était par exemple supérieur de 7,7 points à celui des seconds (87,4 %) [6]. Au-delà de l'admission au baccalauréat en lui-même, l'obtention d'une mention est un indicateur de la stratification de la réussite dans le secondaire. Ainsi, dans le panel d'élèves entrés en sixième en 1995 suivi par la DEPP, alors que, parmi les bacheliers généraux, environ 30 % sont des enfants de cadres et professions libérales et environ 20 % des enfants d'ouvriers et inactifs, 40 % des bacheliers généraux avec mention sont enfants de cadres et professions libérales et seulement 15 % de parents ouvriers et inactifs [7]. L'accès à une même formation ne signifie donc pas l'égalisation de la réussite en son sein, du fait de différences de niveau académique et de stratégies plus ou moins informées dans les choix d'options et de filières.
Malgré la généralisation de l'accès au baccalauréat, des inégalités d'accès et de réussite en fonction de l'origine sociale demeurent. Si la part des bacheliers dans une génération a effectivement augmenté, le baccalauréat s'est en effet lui-même transformé au cours du processus de massification. Il existe donc une stratification progressive, selon le type de bac, la série, les options et la mention obtenue, de la population qui accédera finalement à l'enseignement supérieur.
Massification et démocratisation dans le supérieur
Dans la continuité de l'expansion de l'enseignement secondaire, l'enseignement supérieur a considérablement élargi son recrutement dans la seconde moitié du XXe siècle. Les effectifs universitaires explosent dans les années 1960, lors de la « première explosion scolaire », principalement du fait du dynamisme démographique de la décennie qui précède. Un nouveau pic de croissance a lieu à la fin des années 1980 et au début des années 1990 avec le développement des filières professionnalisantes courtes (préparant au DUT et surtout au BTS), à la suite de la diversification des filières du baccalauréat. Le taux de scolarisation à 21 ans passe alors de 20,7 % en 1986 à 44,8 % en 1995 (graphique 3).
Graphique 3 : Évolution du taux de scolarisation à 21 ans depuis 1986
Champ : France métropolitaine jusqu'en 1998, France hors Mayotte à partir de 1999, enseignement public et privé.
Source : MENJ-Mesri-Depp, Mesri-Sies, SSP, Drees, Insee, traitements Depp.
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La hausse des effectifs étudiants n'est alors plus uniquement le fait de l'université : la part des inscriptions en filière STS (section de technicien supérieur) dans l'ensemble des inscriptions dans l'enseignement supérieur double au cours des années 1980, passant de 6 % à 12 % [8]. À partir des années 1990 et surtout de la décennie suivante, ce sont les écoles de commerce, d'ingénieurs, paramédicales et sociales qui alimentent l'augmentation des effectifs étudiants. Leur nombre se stabilise dans les années 2000. Leur croissance est alors principalement tirée par le secteur privé (avec la diversification du recrutement des écoles d'ingénieur et de commerce, qui passe moins par les CPGE) et par les inscriptions d'étudiants étrangers (dont la part au sein de la population étudiante passe de 8 % à 12 % entre 2000 et 2010) [9]. Les inscriptions dans l'enseignement supérieur ont ainsi été multipliées par près de 9 en une soixantaine d'années : le nombre d'étudiants est passé de 310 000 en 1960 à 2 678 700 à la rentrée 2018 [10]. Les jeunes générations sont ainsi plus diplômées que celles de leurs parents : 33 % des 25-34 ans ont un niveau de diplôme supérieur à bac +2 en 2018, contre 13 % des 55-64 ans (graphique 4).
Graphique 4 : Diplôme le plus élevé obtenu selon la tranche d'âge en 2018 (en %)
Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes âgées de 25 à 64 ans.
Source : Insee, enquête Emploi 2018.
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La progression quantitative des effectifs étudiants s'accompagne d'une relative ouverture sociale de l'enseignement supérieur. La politique d'encouragement à la poursuite d'études au milieu des années 1980, associée à la crise de l'emploi industriel, a contribué à la conversion des jeunes de milieux populaires au modèle de la poursuite d'études longues (Poullaouec, 2010). En 2014-2015, un peu plus d'un quart des personnes âgées de 25 à 44 ans dont les parents sont peu ou pas diplômés détiennent un diplôme de l'enseignement supérieur [11]. La démocratisation qualitative de l'enseignement supérieur est néanmoins limitée : de fortes disparités perdurent en fonction de l'origine sociale.
L'accès à l'enseignement supérieur est d'abord inégal en fonction de l'origine scolaire : en 2018, la poursuite d'études dans l'enseignement supérieur est de 94,1 % pour les bacheliers généraux, 77,9 % pour les bacheliers technologiques et de 38,6 % pour les bacheliers professionnels [12]. L'accès aux différentes formations du supérieur est lui aussi différencié en fonction de la filière de provenance. En 2018, 62,5 % des bacheliers généraux poursuivent leurs études à l'université (hors doubles inscriptions CPGE-Université), tandis que plus de la moitié des bacheliers technologiques s'inscrivent en filière professionnelle courte (STS ou IUT) et un bachelier professionnel sur trois s'inscrit en STS [13].
Or, l'étude de la composition sociale des différentes filières du baccalauréat a souligné que leur recrutement social est différencié. L'enseignement supérieur est ainsi également marqué par des inégalités d'accès en fonction de l'origine sociale. Dans le panel d'élèves entrés en sixième en 1995 suivi par la DEPP, si plus d'un bachelier sur deux accède à l'enseignement supérieur à la première ou deuxième rentrée suivant l'obtention de son baccalauréat, c'est le cas de seulement un bachelier sur dix de parent inactif et d'un bachelier sur trois de parent ouvrier non qualifié. À l'inverse, ce taux dépasse 80 % lorsque les parents sont cadres ou enseignants [14]. Ainsi, en moyenne de 2016 à 2018, parmi les jeunes âgés de 25 à 29 ans, 61 % des enfants de cadres, de professions intermédiaires ou d'indépendants sont diplômés du supérieur, contre 31 % des enfants d'ouvriers ou d'employés. De plus, les premiers obtiennent un niveau de diplôme plus élevé : en 2016‑2018, 34 % d'entre eux sont diplômés d'un master, d'un doctorat ou d'une grande école, alors que c'est le cas de seulement 10 % des enfants d'ouvriers ou d'employés [15].
La segmentation des différentes filières du supérieur en fonction de l'origine sociale reste en effet forte. Si les enfants de milieux socialement défavorisés accèdent plus souvent qu'auparavant aux filières sélectives menant à un diplôme de niveau au moins égal à bac +5, la hausse est inférieure à celle observée pour les enfants de milieux socialement favorisés. Le graphique 5 montre que la composition sociale des différentes filières du supérieur demeure très inégale. À titre d'exemple, l'accès aux classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) est très marqué socialement (graphique 6). La moitié des étudiants de CPGE sont en effet des enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures, tandis que moins d'un étudiant de CPGE sur dix est enfant d'ouvrier. Au contraire, les sections de technicien supérieur (STS) recrutent des étudiants de milieux sociaux moins favorisés (graphique 7). Les enfants d'ouvriers représentent ainsi près d'un quart de leurs effectifs, contre seulement 15 % pour les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures. En dépit de l'expansion de l'enseignement supérieur depuis les années 1960, l'accès aux différentes formations du supérieur est donc segmenté en fonction de l'origine sociale des étudiants, ce qui se répercute ensuite sur les trajectoires d'insertion professionnelle des jeunes diplômés, globalement moins avantageuses pour qui sont issus de milieux défavorisés [16].
Graphique 5 : Origine sociale des étudiants français en 2018-2019
*Y compris les formations d'ingénieurs en partenariat. **Données 2017-2018 pour les formations paramédicales et sociales.
Champ : France métropolitaine et DOM.
Source : MESRI-SIES, Systèmes d'information SISE et Scolarité, enquêtes menées par le SIES sur les établissements d'enseignement supérieur, enquêtes spécifiques aux ministères en charge de l'agriculture, de la santé, des affaires sociales et de la culture.
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Graphique 6 : Répartition des étudiants de CPGE selon la catégorie socioprofessionnelle de leur parent référent en 2017
Champ : France métropolitaine et DOM. Public et privé (sous et hors contrat).
Source : MESRI-SIES / Système d'information Scolarité du ministère de l'Éducation nationale et de la jeunesse, Système d'information de l'enseignement agricole du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.
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Graphique 7 : Répartition des étudiants des STS selon la catégorie socioprofessionnelle de leur parent référent en 2017
Champ : France métropolitaine et DOM. Public et privé (sous et hors contrat), étudiants pour lesquels l'information de la CSP du parent référent est disponible.
Source : MESRI-SIES / Système d'information Scolarité du ministère de l'Éducation nationale et de la jeunesse, Système d'information de l'enseignement agricole du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.
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Les principaux indicateurs mesurant l'accès à l'enseignement secondaire et supérieur démontrent donc le processus de massification scolaire. Étudier leur variation en fonction de l'origine sociale conduit cependant à nuancer le concept de démocratisation : au lieu de disparaître, les inégalités sociales sont déplacées à des niveaux d'études plus élevés, notamment par le biais de la filiarisation du système éducatif. Le lien entre l'allongement des scolarités et la mobilité sociale intergénérationnelle est ainsi l'objet de controverses parmi les chercheurs : la réduction de l'inégalité des chances scolaires n'assure pas automatiquement celle de l'inégalité des chances sociales [17].
Barbara Mettetal, étudiante normalienne à l'ENS de Lyon.
Nous remercions vivement Hélène Buisson-Fenet et Marie Duru-Bellat pour leurs relecture et suggestions.
Bibliographie
Albouy V. et Tavan C. (2007), Accès à l'enseignement supérieur en France : une démocratisation réelle mais de faible ampleur. Économie et Statistique, vol. 410, no 1, p. 3-22.
Albouy V. et Wanecq T. (2003), Les inégalités sociales d'accès aux grandes écoles. Économie et Statistique, vol. 361, no 1, p. 27-52.
Blanchard M. et Cayouette-Remblière J. (2016), Sociologie de l'école. Paris : La Découverte, coll. Repères.
Chapoulie J.-M. (2010), L'école d'État conquiert la France. Deux siècles de politique scolaire. Rennes : Presses universitaires de Rennes.
Duru-Bellat M., Farges G., van Zanten A. (2018), Sociologie de l'école. Paris : Armand Colin, coll. U, 5e édition.
Duru-Bellat M. et Kieffer A. (2008), Du baccalauréat à l'enseignement supérieur en France : déplacement et recomposition des inégalités. Population, vol. 63, no 1, p. 123-157.
Maurin E. (2007), La nouvelle question scolaire. Les bénéfices de la démocratisation. Paris : Seuil.
Merle P. (2000), Le concept de démocratisation de l'institution scolaire : une typologie et sa mise à l'épreuve. Population, vol. 55, 1, p. 15-50.
Merle P. (2012), La ségrégation scolaire. Paris : La Découverte, coll. Repères.
Merle P. (2017), La démocratisation de l'enseignement. Paris : La Découverte, coll. Repères.
MEN, Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche 2019.
MESRI, État de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, n° 12, juillet 2019 et n° 13, juillet 2020.
Poullaouec T. (2010), Le diplôme, arme des faibles. Les familles ouvrières et l'école. Paris : La Dispute, coll. L'enjeu scolaire.
Prost A. (1986), L'Enseignement s'est-il démocratisé ? Paris : Presses universitaires de France.
Sadoun M. et Donegani J.-M. (1976), La réforme de l'enseignement secondaire en France depuis 1945 : analyse d'une non-décision. Revue française de science politique, vol. 26, no 6, p. 1125-1146.
Source des graphiques
Graphique 1 : Proportion des bacheliers dans une génération par voie
Thomas Fanny, « Résultats définitifs de la session 2019 du baccalauréat : les candidats de la voie professionnelle obtiennent plus souvent une mention qu'à la session 2018 », Note d'information n° 20.10, DEPP.
Defresne Florence et Jérôme Krop, « La massification scolaire sous la Ve République. Une mise en perspective des statistiques de l'Éducation nationale (1958-2014) », Éducation & formations, n° 91, septembre 2016, p. 5-20.
Graphique 2 : Répartition sociale des lycéens en fonction de leur filière à la rentrée 2018
MENJ, Repères et références statistiques 2019, « 4.3 L'origine sociale des élèves du second degré »
Graphique 3 : Évolution du taux de scolarisation à 21 ans depuis 1986
France, portrait social, édition 2019 - Insee Références : « 2.6 Jeunes de 18 à 29 ans »
Graphique 4 : Diplôme le plus élevé obtenu selon la tranche d'âge en 2018
France, portrait social, édition 2019 - Insee Références : « 5.5 Niveau d'éducation de la population »
Graphique 5 : Origine sociale des étudiants français en 2018-2019
MENJ, Note d'information n° 2 - Janvier 2020, « Les effectifs d'étudiants dans le supérieur en 2018-2019 en progression constante »
Graphique 6 : Répartition des étudiants de CPGE selon la catégorie socioprofessionnelle de leur parent référent
MENJ, Repères et références statistiques 2019, « 6.11 Les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) »
Graphique 7 : Répartition des étudiants des STS selon la catégorie socioprofessionnelle de leur parent référent :
MENJ, Repères et références statistiques 2019, « 6.12 Les sections de techniciens supérieurs et assimilés
Notes
[1] D'autres facteurs de différenciation des parcours et de la réussite scolaire (le sexe, l'origine immigrée ou non) ne sont pas traités dans le cadre de cet article.
[2] Voir notamment : Lahire B. (1995), Tableaux de familles. Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires, Seuil (rôle des « configurations familiales ») ; Thin D. (1998), Quartiers populaires. L'école et les familles, PUL ; Lahire B. (dir.) (2019) Enfances de classe. De l'inégalité parmi les enfants, Seuil.
[3] Sur les effets du contexte scolaire (effet public ou school mix, effet-établissement, classe et enseignant), voir les synthèses de : Duru-Bellat, Farges, van Zanten (2018, chapitre 5) ; Blanchard, Cayouette-Remblière (2016, chapitre 3) ; Bressoux (2012), L'influence des pratiques enseignantes sur les acquisitions scolaires des élèves, Regards croisés sur l'économie, 2012/2, 12, p. 208-217.
[4] Les Repères et références statistiques (2019) de la DEPP définissent l'« origine sociale regroupée » en regroupant les professions et catégories socioprofessionnelles en quatre postes :
- très favorisée : chefs d'entreprise de dix salariés ou plus, cadres et professions intellectuelles supérieures, instituteurs, professeurs des écoles ;
- favorisée : professions intermédiaires (sauf instituteurs et professeurs des écoles), retraités-cadres et des professions intermédiaires ;
- moyenne : agriculteurs exploitants, artisans et commerçants (et retraités correspondants), employés ;
- défavorisée : ouvriers, retraités ouvriers et employés, inactifs (chômeurs n'ayant jamais travaillé, personnes sans activité professionnelle).
[5] DEPP, exploitations secondaires dans Merle P. (2017) : « V. Origine sociale et trajectoires scolaires », p. 57-72.
[6] DEPP/MENJ, Repères et références statistiques 2019 : « 8.09 La réussite au baccalauréat : sexe, âge et origine sociale ».
[7] DEPP, suivi après le baccalauréat des élèves entrés en sixième en 1995, dans Beffy M. et Peremulter D. (2008), Depuis vingt-cinq ans, une population de plus en plus diplômée mais avec des disparités selon le milieu social encore importantes. France, portrait social. Édition 2008 - Insee Références.
[8] Trente ans de vie économique et sociale. Édition 2014 - Insee Références : Dossier « Scolarisation et origines sociales depuis les années 1980 : progrès et limites ».
[9] MESRI, État de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n° 12, juillet 2019 : « 09. Les étudiants dans les filières de formation depuis 50 ans » ; « 15. Les étudiants étrangers dans l'enseignement supérieur ».
[10] MESRI, État de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n° 13, juillet 2020 : « 09. Les étudiants dans les filières de formation depuis 50 ans ».
[11] France, portrait social. Édition 2019 - Insee Références : « 5.5 Niveau d'éducation de la population » (figure 3).
[12] MESRI, État de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n° 13, juillet 2020 : « 07. Les nouveaux bacheliers et leur entrée dans les filières de l'enseignement supérieur ».
[13] MESRI, État de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n° 13, juillet 2020 : « 10. L'accès à l'enseignement supérieur ».
[14] DEPP, suivi après le baccalauréat des élèves entrés en sixième en 1995, dans Beffy M. et Peremulter D. (2008), op. cit..
[15] MESRI, État de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n° 13, juillet 2020 : « 22. Le niveau d'études selon le milieu social ».
[16] Voir par exemple : Henrard V., Ilardi V. (coord.) (2017), Quand l'école est finie. Premiers pas dans la vie active de la Génération 2013. Céreq Enquêtes, n° 1, octobre.
[17] Au cours des années 2000-10, le débat scientifique en France sur le déclassement et le rôle d'ascenseur social de l'expansion scolaire a notamment opposé Éric Maurin (La nouvelle question scolaire. Les bénéfices de la démocratisation, 2007 ; La peur du déclassement. Une sociologie des récessions, 2009 ; Les nouvelles classes moyennes, avec Dominique Goux, 2012) et Tristan Poullaouec (Le diplôme, arme des faibles. Les familles ouvrières et l'école, 2010), à Louis Chauvel (Le destin des générations, 1998 et 2010 ; Les classes moyennes à la dérive, 2006 ; La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions, 2016), Camille Peugny (Le Déclassement, 2009) et Marie-Duru-Bellat (L'inflation scolaire. Les désillusions de la méritocratie, 2006). D'autres travaux comme ceux de Christian Baudelot et Roger Establet (Avoir 30 ans. En 1968 et 1998, 2000) ou de Stéphane Beaud (« Jeunes ouvriers bacheliers. Sur le déclassement des ‟enfants de la démocratisation” », Lien social et Politiques 43, 2000) ont également alimenté ces discussions. Pour un aperçu des débats relatifs au déclassement social, voir Morin S., Le déclassement social, Idées économiques et sociales, 2013/1, 171, p. 47-52.