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La zone euro peut-elle se passer d'un Prêteur en Dernier Ressort pour les Etats (de seigneuriage) ? Natixis. Novembre 2011.

Publié le 24/11/2011
Flash Economie n°860, 22 novembre 2011.

par Patrick Artus.

Résumé

Dans un pays "normal", l'Etat peut monétiser sa dette publique, c'est-à-dire la racheter aux investisseurs privés contre création monétaire. Si la croissance de l'offre de monnaie est forte, il y a inflation et taxe inflationniste (seigneuriage) : la valeur réelle des encaisses monétaires diminue. Cette possibilité pour l'Etat de monétiser sa dette publique a donc deux fonctions :
- réduire la quantité de dette publique détenue par les investisseurs privés ;
- lever la taxe inflationniste ; la taxe inflationniste pèse sur les encaisses monétaires, mais aussi sur la dette obligataire de l'Etat si l'inflation fait baisser les taux d'intérêt réels.

Dans la situation économique présente, le second effet est faible, puisque, en sous-emploi, l'inflation n'apparaît pas. L'organisation institutionnelle de la zone euro exclut que la BCE joue le rôle de Prêteur en Dernier Ressort pour les Etats : elle ne peut pas acheter de dette publique sur le marché primaire et M. Draghi a réaffirmé récemment qu'elle n'avait pas vocation à réaliser durablement des achats sur le marché secondaire des dettes publiques et donc à jouer le rôle de Prêteur en Dernier Ressort.

Quelles sont les conséquences de cette organisation institutionnelle pour la zone euro ?
- il faut une discipline budgétaire stricte : le taux d'endettement public des pays ne peut jamais dépasser celui qui est acceptable par les investisseurs privés ;
- les crises de liquidité (et non de solvabilité) des pays ne trouvent pas de solution facile en l'absence d'un Prêteur en Dernier Ressort rapide et intervenant pour de grands montants ;
- la correction à la baisse des taux d'endettement (publics et privés) ne peut se faire que par la hausse de l'épargne et la baisse de la dépense, sans l'aide de l'inflation.

Cette organisation institutionnelle présente de la zone euro apparaît donc différente de celle qui est en place aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou au Japon.