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Une crise de type "marxiste". Natixis. Janvier 2012.

Publié le 11/01/2012
Flash Economie n°23, 11 janvier 2012.

par Patrick Artus.

Résumé

Par "crise de type marxiste", nous entendons les enchaînements suivants :
- l'accumulation de capital productif (et d'autres facteurs) conduit à une insuffisance de la rentabilité du capital (avec la suraccumulation de capital, mais aussi la hausse des prix des matières premières, la concurrence des émergents...) ;
- pour lutter contre cette évolution, les "capitalistes" déforment le partage des revenus au détriment des salariés ; ceci s'observe aux Etats-Unis et en Europe, en moyenne, mais pas dans tous les pays (pas en France et en Italie dans les années 2000 par exemple).
- ceci conduit à un affaiblissement de la demande et malgré tout à la hausse des profits ;
- les profits ne peuvent plus être entièrement investis dans le capital productif puisque le besoin de capital est réduit par la faiblesse de la demande. Ils sont donc partiellement investis dans des activités spéculatives ; certaines de ces activités (crédits risqués, immobilier...) peuvent transitoirement soutenir la demande des salariés, ce qui complique l'analyse.
- ce développement des investissements spéculatifs conduit finalement à une crise financière (et à la révélation de la faiblesse de la demande).
Nous pensons qu'on a bien observé ces enchaînements aux Etats-Unis et en Europe. Pour sortir de la crise, il faudrait donc calibrer le partage des revenus pour que l'épargne des "capitalistes" finance les investissements productifs. Notons que deux pays semblent échapper à ce modèle général : la France et l'Italie.


Lire également :

"Une lexture marxiste de la crise" (Flash Economie n°2, 6/01/2010).

Résumé : Notre interprétation de la crise est la suivante :
- il y a excès mondial de capacité de production, dû essentiellement à la globalisation et à l'investissement très important dans les pays émergents.
- l'excès de capacité devrait normalement faire baisser la profitabilité des entreprises ; en réaction à cette évolution, les entreprises ont essayé de réduire les salaires, d'où, dans beaucoup de pays, le recul de la part des salaires dans le PIB, qui amplifie l'insuffisance de la demande par rapport à la capacité ; elles essaient aussi de devenir leader dans leur activité pour bénéficier de marges d'oligopole.
- l'excès de capacité de production pousse les Etats à mener des politiques non coopératives visant à accroître le taux national d'utilisation des capacités: stimulation du crédit par les politiques monétaires très expansionnistes (d'où les bulles spéculatives sur les prix des actifs, l'excès d'endettement et les crises) ; sous-évaluation du taux de change dans les pays émergents.
Il s'agit bien d'une lecture marxiste (mais conforme aux faits) de la crise: suraccumulation du capital (par "l'euphorie" des entrepreneurs) d'où baisse tendancielle du taux de profit ; réaction des entreprises à cette baisse du taux de profit par la compression des salaires, du capital, la concentration et l'obtention de rentes, d'où sous-consommation ; réaction, qui ne peut pas être efficace à long terme, des Etats par le développement du crédit et des activités spéculatives, comme substituts (palliatifs) à l'insuffisance de la production ; par le recours au commerce extérieur.