Attitudes populistes en Europe et crise sanitaire. CEVIPOF. Mai 2021.
La vague 12 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF réalisée en février 2021 explore les tendances des opinions publiques européennes, en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni. Deux notes de recherche de Gilles Ivaldi, chargé de recherche CNRS, s'intéressent aux attitudes populistes pendant la crise sanitaire.
Il ressort tout d'abord que les attitudes structurantes du populisme demeurent bien présentes au sein des opinions publiques européennes, et de manière plus marquée en France et en Italie relativement à l'Allemagne et au Royaume-Uni. Si ces attitudes traversent l'ensemble des catégories professionnelles, le degré de populisme apparaît lié à l'âge (il est plus faible chez les plus jeunes et chez les plus âgés), négativement corrélé au niveau de diplôme et au niveau de confiance politico-institutionnelle, et positivement corrélé à la pauvreté subjective et au risque de chômage. Il est également plus fort aux extrêmes de l'axe politique, avec des nuances selon les pays. Gilles Ivaldi constate par ailleurs une relation forte entre le populisme et les inquiétudes socio-économiques liées à la pandémie de Covid-19. En France, en Italie et au Royaume-Uni, notamment, les électeurs les plus inquiets des conséquences économiques pour leur foyer de la crise sanitaire montrent le plus fort niveau de populisme. Cet effet s'observe également pour les individus préoccupés par la situation économique du pays en général.
En revanche, les données ne montrent pas de lien statistique fort entre attitudes populistes et croyances dans les théories du complot en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni. L'adhésion aux idées conspirationnistes repose essentiellement sur la défiance politico-institutionnelle et s'accroît avec le niveau de pauvreté subjective. La relation observée plus généralement entre incertitude et adhésion au complot semble relativement indépendante des anxiétés spécifiques liées à la crise sanitaire.
► Les inquiétudes économiques liées à la crise sanitaire peuvent-elles nourrir le populisme ?, Baromètre de la confiance politique - Vague 12, Sciences Po CEVIPOF, Note de recherche, mars 2021.
par Gilles Ivaldi.
Résumé
Si les acteurs populistes semblent globalement éprouver des difficultés à faire entendre leur voix dans la crise sanitaire actuelle, l'hypothèse d'un recul durable de ces partis doit être envisagée avec la plus grande prudence. Les enjeux et anxiétés qui président au vote populiste continuent de travailler en profondeur les opinions publiques en Europe. La vague 12 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF réalisée en février dernier en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni atteste de la présence d'attitudes populistes diffuses dans les quatre pays, qui constituent un potentiel de mobilisation pour les acteurs populistes car ancrées dans la défiance politico-institutionnelle et fortement corrélées avec les inquiétudes économiques produites par la crise de Covid-19.
Sommaire
- Un cycle de déclin des forces populistes ?
- Un populisme latent
- Radiographie du populisme
- Inquiétudes économiques et populisme
- Le rôle de la confiance politique
- Quel effet des affiliations populistes antérieures ?
- Quelles perspectives pour les forces populistes ?
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Le populisme suit une courbe en U, étant plus marqué aux deux pôles extrêmes de l'axe idéologique gauche-droite. La polarisation est particulièrement notable en France où le populisme est fort aux deux extrémités de l'axe gauche-droite. Au Royaume-Uni, le populisme est plus répandu chez les électeurs orientés à gauche. En Allemagne et en Italie, le populisme est principalement ancré chez ceux qui se situent le plus à droite de l'axe idéologique.
Source : Le Baromètre de la confiance politique / Vague 12, Sciences Po CEVIPOF, Note de recherche, mars 2021.
► Adhésion aux théories du complot et populisme : un tandem à relativiser, Baromètre de la confiance politique - Vague 12, Sciences Po CEVIPOF, Note de recherche, avril 2021.
par Gilles Ivaldi.
Résumé
Les croyances aux théories du complot sont très souvent associées au populisme. S'il a pu être amplement mis en lumière chez les acteurs de la droite populiste, à l'image d'un Donald Trump aux États-Unis par exemple, un tel lien reste en revanche à démontrer s'agissant des attitudes des citoyens. La vague 12 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF réalisée en février 2021 en France, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni permet d'explorer les relations entre adhésion aux théories du complot et attitudes populistes. Les données montrent que le populisme attitudinal n'exerce en réalité qu'un effet relativement limité sur les croyances conspirationnistes, dans chacun des quatre pays de l'enquête, et que cet effet varie par ailleurs selon le type de complot envisagé ; l'adhésion aux théories du complot est d'abord et avant tout articulée à la confiance politico-institutionnelle, et, dans une moindre mesure, à la confiance interpersonnelle et à la confiance apportée à la science ou à ses représentants.
Sommaire
- Complotisme et populisme « d'en-bas »
- Existe-t-il un conspiracy mindset ?
- Pas de profil sociologique type
- Un effet très limité du populisme
- L'impact des « trois confiances »
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Source : Baromètre de la confiance politique / Vague 12, Sciences Po CEVIPOF, Note de recherche, avril 2021.
Sur les attitudes à l'égard de la vaccination, voir : Tournay V., Refuser la vaccination : analyse d'une passion française, Baromètre de la confiance politique - Vague 12, Sciences Po CEVIPOF, Note de recherche, février 2021.