Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Navigation
Vous êtes ici : Accueil / Actualités / Veille / Chômage et salaires aux États-Unis et en zone euro. DG du Trésor. Septembre 2020.

Chômage et salaires aux États-Unis et en zone euro. DG du Trésor. Septembre 2020.

Publié le 11/09/2020

Lettre Trésor-Éco n°265, 8 septembre 2020.

par Jean-Alain Andrivon, Pauline Callec.

Résumé

La relation entre l'évolution du chômage et celle des salaires a été perturbée après la crise de 2008. Malgré une diminution du chômage à la suite de la crise, les salaires étaient encore, en 2018, moins dynamiques que sur la période pré-crise en zone euro et aux États-Unis. Cet affaiblissement du lien entre salaires et chômage résulterait principalement du développement de nouvelles formes d'emplois et de politiques de modération salariale menées dans certains pays.

A noter : Ce Trésor-Éco a été réalisé avant la crise sanitaire liée au coronavirus et ne présume en rien des comportements qui en découleront.

Résumé détaillé

Même si le chômage a diminué depuis la crise de 2008, les salaires sont aujourd'hui moins dynamiques qu'avant-crise en zone euro et aux États-Unis. Plusieurs facteurs (affaiblissement des syndicats, effets de composition de la main-d'œuvre, etc.) ont été avancés pour expliquer cet affaiblissement de la courbe de Phillips. Il se pourrait aussi que la mesure classique du chômage ne rende plus compte convenablement des tensions sur le marché du travail depuis le développement de formes d'emplois atypiques.

En plus du chômage standard, le chômage « élargi », qui inclut les travailleurs à temps partiel subi et ceux qui sont dits « découragés » et les enquêtes sur les difficultés de recrutement, permettraient également d'expliquer les dynamiques salariales récentes sur la période post-crise.

Dans les pays du « Nord » de la zone euro (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Autriche, Finlande et Luxembourg), avant la crise financière, les salaires ont été moins dynamiques que ne l'auraient suggéré leurs déterminants. Sur les trois dernières années, ils sont davantage en ligne, mais pas suffisamment dynamiques pour compenser la modération salariale passée.

Au « Sud » de la zone euro (Espagne, Italie, Portugal, Grèce, Chypre et Malte), la forte hausse du chômage au moment de la crise (2012-2013) a nettement pesé sur les salaires. Le soutien aux salaires apporté par la baisse récente du chômage est contrecarré par des politiques de modération salariale mises en œuvre ces dernières années, qui se traduisent par une faible croissance des coûts salariaux unitaires.

L'écart d'inflation sous-jacente entre la zone euro et les États-Unis après la sortie de crise reflète la dynamique des coûts salariaux unitaires de part et d'autre de l'Atlantique.

Sommaire

1. Le lien entre salaires et chômage semble perturbé après la crise de 2008

1.1 Malgré la baisse du chômage, les salaires ne redémarrent guère après la crise aux États-Unis ni surtout en zone euro
1.2 Cette tendance invite à s'interroger sur la relation entre salaires et chômage

2. Les salaires continuent de réagir au slack*, en particulier si on le mesure par le chômage élargi

2.1 Le slack pèse toujours sur les salaires aux États-Unis et en zone euro
2.2 Le chômage élargi permet de bien capter la dynamique des salaires sur la période post-crise

3. Les coûts salariaux en zone euro ont également reflété des politiques nationales

3.1 Les politiques de modération salariale ont pesé sur les salaires en zone euro
3.2 L'inflation reflète aussi les comportements de marge des entreprises

* Ressources non utilisées sur le marché du travail.

Graphique : Contributions à l'évolution du salaire moyen par tête (SMPT) en zone euro, 2010-2018

Graphiques : Contributions à la croissance des salaires dans le Nord et dans le Sud de la zone euro

Source : Lettre Trésor-Éco n°265, septembre 2020.

SMPT : Salaire moyen par tête nominal.
IPCH : Indice des prix à la consommation harmonisé.