Classe moyenne: un Américain sur deux, deux Français sur trois. France Stratégie. Février 2016.
Note d'analyse n°41, 11 février 2016.
Présentation
Rien de comparable a priori entre les classes moyennes française et américaine. La première compte toujours deux Français sur trois quand la seconde connaît depuis quarante ans un phénomène marqué d'érosion. La crise de 2008 change néanmoins la donne. La classe moyenne française subit, depuis, un recul de ses effectifs et de son revenu médian. S'agit-il d'un simple repli conjoncturel ou de l'amorce d'un déclin sur le modèle américain ?
Résumé
Définie comme l'ensemble des ménages dont le revenu avant impôts est compris entre deux tiers et deux fois le revenu médian, la classe moyenne est considérée tantôt comme vouée à disparaître dans une «société en sablier», tantôt comme pilier des sociétés modernes au cœur de l'adhésion démocratique. La classe moyenne regroupe la moitié de la population adulte aux États-Unis, contre plus des deux tiers en France. Aux États-Unis, elle a connu un mouvement d'érosion ancien qui s'est poursuivi au cours des quinze dernières années. C'est beaucoup moins vrai en France. Entre 1996 et 2012, la part de la classe moyenne a ainsi diminué de 3,6 points aux États-Unis, contre 1,5 point en France, surtout depuis la crise de 2008. De plus, aux États-Unis ce tassement s'est fait davantage au profit des hauts revenus (+2,2 points) que des bas revenus (+1,4 point). En France, l'évolution est inverse (+0,9 point pour les bas revenus, +0,5 pour les hauts revenus).
Dans les deux pays, la part des revenus détenus par la classe moyenne s'est réduite de façon plus importante que ce qu'explique la seule baisse des effectifs, du fait d'un enrichissement plus rapide des hauts revenus.
Aux États-Unis, la probabilité d'appartenir à telle ou telle classe de revenus dépend beaucoup plus fortement de l'âge, du niveau de diplôme, de la situation familiale et du lieu de naissance qu'en France.
Sur la période 1996-2012, les évolutions présentent également des différences : amélioration nette pour les plus âgés aux États-Unis, même s'ils restent surreprésentés parmi les bas revenus ; dégradation relative en France de la situation des personnes nées à l'étranger alors que cette situation relative s'améliore aux États-Unis, même si l'écart reste au final plus élevé que celui constaté en France. Spécificité française qui tient en partie à la progression générale du niveau de qualification, on note une dégradation de la probabilité d'appartenir à la classe des hauts revenus pour tous les niveaux de qualification, y compris les plus élevés, sur la période 1996-2012, phénomène que l'on ne retrouve pas aux États-Unis.