Impact de l’inflation sur les entreprises vertes et brunes et effet sur la transition verte. Banque de France. Janvier 2024.
Bloc-notes Eco, billet n° 343.
Par Pedram Pourabbasvafa.
Résumé
L'impact unidirectionnel du coût de la transition verte sur l'inflation est actuellement étudié par les banques centrales. Il existe cependant des canaux par lesquels l'inflation peut impacter différemment les entreprises ayant de bonnes performances environnementales (entreprises « vertes ») et celles qui n'en ont pas (entreprises « brunes ») et, en retour, affecter la transition verte. Cela crée un lien bidirectionnel entre inflation et transition verte que ce billet cherche à explorer.
Les entreprises vertes ont tendance à être plus intensives en main-d'œuvre, tandis que les entreprises brunes sont plus intensives en capital corporel. Cet écart, associé aux différences de rigidité des taux d'inflation pour les salaires et pour les biens d'investissement, pourrait avoir pour conséquence un impact inégal de l'inflation sur les entreprises vertes et brunes, dont l'effet agrégé est indéterminé et dépend notamment du niveau de l'inflation.
Par ailleurs, l'inflation peut entraîner un effet richesse favorable aux entreprises brunes disposant de capital corporel. Ce capital peut aussi être utilisé comme collatéral pour garantir des prêts bancaires, ce qui renforce la capacité d'emprunt des entreprises brunes.
Enfin, l'endettement plus élevé des entreprises brunes les avantage en période d'inflation (diminution de la valeur réelle des emprunts). A l'inverse, les entreprises détenant plus de liquidités, telles que les entreprises vertes, qui en ont besoin pour financer leurs investissements en capital incorporel, voient la valeur réelle de leur trésorerie diminuer en période d'inflation.
Les entreprises vertes sont donc significativement désavantagées dans quatre des cinq canaux d'inflation analysés, ce qui laisse penser que l'inflation liée à la transition verte pourrait miner les efforts de cette transition elle-même et plaide pour un maintien de l'inflation à sa cible pendant la mise en œuvre de la transition verte.
Sommaire
- L'intensité en main-d'œuvre des entreprises vertes et brunes les expose de manière inégale aux tensions inflationnistes
- Les effets de richesse et sur le crédit de l'inflation sont plus favorables aux entreprises brunes
- L'effet de redistribution et la taxe inflationniste sont plus favorables aux entreprises brunes
- Inflation et transition verte : un défi pour la politique monétaire
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Ratio travail/capital et intensité d’émissions [partie gauche], et taux d’inflation dans la zone euro [partie droite]
Trésorerie [partie gauche] et endettement [partie droite] pour les entreprises vertes et brunes
Source : Bloc-notes Eco, billet n° 343, janvier 2024.
Pour aller plus loin
Dees S., De Gaye A., Thubin C., Wegner O. (2023), « Transition vers la neutralité carbone : quels effets sur la stabilité des prix ? », Bulletin de la Banque de France n° 245/3.