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La défiance a mis son gilet jaune. Cevipof. Janvier 2019.

Publié le 28/01/2019

Baromètre de la confiance politique, Note #1, vague 10, janvier 2019.

par Bruno Cautrès.

Résumé

C'est un signal d'alerte sérieux et préoccupant que la vague 10 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF envoie cette année. De nombreuses données et indicateurs du Baromètre n'ont jamais été aussi négatifs (depuis dix ans) quant au rapport des Français à leurs dirigeants et plus généralement aux responsables politiques. La défiance politique atteint un seuil d'alerte critique. C'est une défiance teintée de colère qui s'exprime, une défiance qui a revêtu un «gilet jaune». Les résultats sont un cruel retour à la réalité pour le «nouveau monde» macroniste.

La vague 10 du Baromètre de la confiance politique a été réalisée du 13 au 24 décembre 2018 auprès de 2116 personnes (inscrites sur les listes électorales) interrogées selon la méthode des quotas.

Résultats de la vague 10 du Baromètre de la confiance politique "En qu(o)i les Français ont-ils confiance aujourd'hui ?" : Une colère qui vient de loin.

Grandes tendances depuis 2009 : 2009-2019 : La crise de la confiance politique, janvier 2019.

Extraits :

La défiance dans les institutions

«La crise des gilets jaunes a incontestablement eu deux effets : elle a réactivé le potentiel protestataire, toujours significatif en France, et conduit de nombreux Français à considérer que manifester est au moins aussi, si ce n'est plus, efficace que voter pour peser sur les décisions. Nous avions pourtant constaté l'an dernier un recul du potentiel protestataire.»

Graphique : Les moyens d'expression des citoyens les plus efficaces

«Tous les indicateurs de confiance dans les institutions politiques sont en forte baisse, à l'exception des maires et des conseils municipaux (...). C'est, aujourd'hui, moins du quart des Français qui font confiance aux institutions qui incarnent les deux piliers de l'exécutif et du législatif.»

Graphique : Le niveau de confiance dans les institutions politiques

Un choc de défiance dans les responsables politiques

«Les tendances de fond que notre Baromètre enregistre depuis dix ans sont cette année non seulement toujours lourdement présentes mais sont même accentuées : le «choc de confiance» dont parlait Emmanuel Macron au début de son mandat s'est transformé en choc de défiance ! Les niveaux de défiance dans les responsables politiques sont à un tel niveau que l'on peut parler d'une descente aux enfers.»

Graphique : Les opinions sur les hommes politiques et la démocratie

«Les causes de cette dramatique perception des responsables politiques sont bien sûr multiples et l'on peut en distinguer deux grandes. Une tendance de fond, qui se manifeste dans toutes les démocraties européennes ou presque depuis le début des années 1990 : la perte des repères et des grands marqueurs socio-politiques liée à la grande transformation de la globalisation et de l'interdépendance mondiale généralisée. (...) Le tableau chaotique de notre vie politique depuis la présidentielle de 2017 et les grandes difficultés des oppositions à être le réceptacle d'une colère grandissante ont également joué un rôle sur la perception très négative qu'ont les Français des responsables politiques, un tableau noir qui n'épargne pas grand monde en fait.»

Source : Source : Cevipof, Baromètre de la confiance politique, vague 10 / Note #1, janvier 2019.

 

A lire également cette étude sur la confiance des Français dans la science :

Luc Rouban et Virginie Tournay, "Le populisme contre la science", Baromètre de la confiance politique, Note #3, vague 10, janvier 2019.

Résumé : La société française est marquée par une défiance croissante vis-à-vis des activités scientifiques. Cette critique est inscrite au cœur du populisme qui est devenu un fait politique massif. La science n'est cependant pas perçue dans les mêmes termes par le populisme de gauche et par le populisme de droite. Le premier lui est bien moins défavorable que le second. Cette distinction se retrouve également dans la critique des indicateurs statistiques nationaux. Le niveau de populisme reste néanmoins la variable décisive pour comprendre les attitudes à l'égard de la science. Celles-ci sont indissociables de la confiance portée aux institutions sociopolitiques. Ainsi, la déconsolidation démocratique s'accompagne d'une désinstitutionnalisation des rôles sociaux, qu'ils soient politiques ou scientifiques.