La dette publique pénalise-t-elle vraiment les générations futures ? Natixis. Juin 2019.
Flash Économie n°701, 5 juin 2019.
par Patrick Artus.
Résumé
On entend souvent dire que, lorsqu'un pays accumule aujourd'hui un supplément de dette publique, il s'agit d'une pénalisation des générations futures de ce pays. Mais il faut réfléchir davantage à cette question, en illustrant cette question par les données concernant la France.
- Si la dette publique finance un supplément d'investissements efficaces (infrastructures, éducation, formation, recherche, soutien aux entreprises innovantes), elle génère un supplément de revenu dans le futur, et elle n'est donc pas une charge pour les générations futures.
- Si le taux d'intérêt réel est supérieur à la croissance en volume, un taux d'endettement public plus élevé implique la nécessité que, dans le futur, l'excèdent budgétaire primaire soit plus élevé, afin que la solvabilité budgétaire soit respectée, ce qui est bien un prélèvement sur les générations futures.
- Mais si le taux d'intérêt réel est inférieur à la croissance en volume, le taux d'endettement public converge toujours ; un taux d'endettement public plus élevé à long terme permet d'avoir un déficit budgétaire primaire plus élevé, et n'entraîne donc pas du tout un prélèvement sur les générations futures.
Au total, la dette publique ne pénalise pas les générations futures :
- si elle finance des dépenses publiques utiles, productives ;
- ou si le taux d'intérêt réel est inférieur à la croissance en volume.
En France, la première condition n'est pas vérifiée, mais la seconde l'est aujourd'hui.