La disparition de la neutralité ricardienne. Natixis. Juin 2019.
"Le fait que le taux d'intérêt soit inférieur au taux de croissance a fait disparaître la neutralité ricardienne", Flash Économie n°747, 14 juin 2019.
par Patrick Artus.
Résumé
La neutralité ricardienne nous apprend que si le gouvernement accroît le déficit public, alors le secteur privé va accroître son taux d'épargne, puisqu'il va anticiper que le gouvernement devra plus tard mener une politique budgétaire restrictive pour restaurer sa solvabilité budgétaire. La hausse de l'épargne du secteur privé annule alors l'effet sur la demande intérieure du déficit public.
Mais ce raisonnement vaut si les taux d'intérêt sont supérieurs à la croissance : il apparaît bien alors une contrainte de solvabilité budgétaire qu'il faut respecter.
Mais si, comme aujourd'hui, les taux d'intérêt sont inférieurs à la croissance, la solvabilité budgétaire se rétablit spontanément dans le futur sans qu'il soit nécessaire de mener une politique budgétaire restrictive. Il n'y a donc pas de raison qu'il y ait hausse du taux d'épargne en réponse au déficit public, et on s'attend donc à ce que la politique budgétaire soit plus efficace quand le taux d'intérêt est inférieur au taux de croissance.