Le cercle vicieux des inégalités en France. Natixis. Janvier 2018.
Flash Économie n°119, 31 janvier 2018.
par Patrick Artus.
Résumé
Les inégalités primaires de revenu (avant politiques redistributives) sont élevées en France, autant qu'aux États-Unis et au Royaume-Uni. Ceci vient du niveau élevé du chômage en France, de la faible employabilité des peu qualifiés, des compétences faibles de la population active, et pas du poids dans le revenu national des individus à revenu élevé (comme c'est le cas aux États-Unis).
Face à ces inégalités primaires de revenu fortes en France, des politiques redistributives puissantes ont été mises en place (en particulier un niveau très élevé de transferts sociaux). En conséquence, les inégalités de revenu après redistribution sont faibles en France, beaucoup plus faibles qu'aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Mais le financement des politiques redistributives nécessite une pression fiscale forte en France, qui crée des distorsions défavorables (par exemple les destructions d'emplois dues au niveau très élevé des cotisations sociales des entreprises) ; ces distorsions accroissent le chômage des peu qualifiés augmentant encore le niveau des inégalités primaires de revenu.
Il y a donc cercle vicieux puisque la lutte contre les inégalités primaires de revenu par les politiques redistributives aggrave ces inégalités.
Il n'y a alors que deux choix favorables :
- lutter contre les inégalités primaires (avant redistribution) de revenu, par la formation, l'amélioration du système éducatif ;
- financer les politiques redistributives par des impôts qui ne créent pas de distorsions et de chômage (de ce point de vue, une taxation de l'ensemble des revenus est préférable à une taxation des salaires).
Source : Flash Économie n°119, 31 janvier 2018
Sur l'ouverture des inégalités de revenu (avant redistribution) dans les pays de l’OCDE et leurs origines, voir aussi :
"Beaucoup d'évolutions sont aujourd'hui favorables à l'ouverture des inégalités de revenu dans les pays de l'OCDE : que faire ?", Natixis, Flash Économie n°131, 2 février 2018.