Le programme d'Emmanuel Macron pour l'éducation à la lumière des résultats de la recherche économique. Mai 2017.
Que nous réserve Emmanuel Macron en matière d'éducation ? Et que peut en dire la recherche en économie ? Dans un article publié sur The Conversation, Asma Benhenda*, doctorante à PSE-Ecole d'Économie de Paris/EHESS et spécialiste des politiques éducatives, met en perspective, à la lumière des derniers résultats de la recherche en économie, les principaux éléments du programme éducatif du nouveau président de la République. Un article instructif montrant que la recherche en économie et ses outils d'évaluation peut apporter un éclairage sur les choix en matière de politique éducative.
On y apprend par exemple que la réduction de la taille des classes en primaire (préconisée par Emmanuel Macron en CP et CE1 dans les établissements d'éducation prioritaire) a, au vu d'un certain nombre d'études économiques réalisées sur cette question aux États-Unis ou en France (voir notamment l'étude de T. Piketty et M. Valdenaire citée dans l'article), des effets positifs importants sur les élèves socialement défavorisés. La proposition de ne pas affecter en éducation prioritaire des enseignants ayant moins de 3 ans d'expérience va aussi dans le sens des résultats de la recherche qui mettent en évidence l'importance des effets d'expérience dans la réussite des élèves. En revanche, aucune étude n'a montré à ce jour de manière précise les avantages d'un système éducatif décentralisé, avec plus d'autonomie donnée aux établissements scolaires (autre mesure du programme Macron), relativement à un système très centralisé. Et la proposition du nouveau président d'évaluer régulièrement les établissements, peut, d'après les travaux académiques, avoir des effets à la fois positifs et négatifs sur la réussite des élèves et l'enseignement...
Après avoir passé en revue les principales propositions du programme d'Emmanuel Macron, l'article souligne l'absence dans celui-ci de l'objectif de mixité sociale à l'école, alors que des mesures simples, étudiées récemment par des chercheurs de l'Institut des politiques publiques, permettraient d'atténuer la ségrégation scolaire (voir par exemple ici ou là).
Lire l'article :
Asma Benhenda, "Politique éducative d'Emmanuel Macron : ce que peut en dire la recherche", The Conversation, 10 mai 2017.
* Asma Benhenda est par ailleurs rédactirice en chef de la revue Regards croisés sur l'économie.
Pour aller plus loin :
L'école, une utopie à reconstruire, Regards croisés sur l'économie n°12, 2012/2.
Sur Éduveille, le blog des chercheurs en éducation et formation de l'IFÉ (Institut français d'éducation - ENS de Lyon) :
- L'autonomie des établissements : pour qui, pour quoi ?, Annie Feyfant, 22 mai 2017.
- 1 prof pour 12 élèves ou 2 profs pour 25 élèves : qu'est-ce que ça change ?, Catherine Reverdy, 12 mai 2017.