Les booms immobiliers à l'origine de la divergence de la productivité en Europe. CEPII. Décembre 2020.
Une recherche récente du CEPII montre qu'en favorisant la croissance des secteurs les moins productifs au détriment des autres, l'expansion du secteur immobilier ralentit la croissance de la productivité de l'économie. Ce phénomène explique pour une large part l'écart de productivité entre d'un côté l'Allemagne, et de l'autre, la France et l'Espagne dans les années 2000.
Blog du CEPII, billet du 2 décembre 2019.
par Jérôme Héricourt, Thomas Grjebine, Fabien Tripier.
Pour aller plus loin :
Thomas Grjebine, Jérôme Héricourt, Fabien Tripier, Booms immobiliers, réallocations sectorielles et ralentissement des gains de productivité en Europe. Lettre du CEPII, n° 402, septembre 2019.
Résumé : La création de la zone euro en 1999 devait contribuer à une convergence accrue en Europe. La divergence s'est au contraire accentuée, comme en témoigne la faible croissance de la productivité dans la « périphérie » de la zone euro par rapport à celle des pays du centre. En se concentrant sur trois pays représentatifs de cette divergence (Allemagne, Espagne, France), cette Lettre étudie le rôle des réallocations sectorielles dans cette divergence. Nous montrons que ces dernières ont été à l'origine de pertes de productivité, en particulier dans les pays ayant connu des booms immobiliers comme l'Espagne ou la France, ce qui a accentué la divergence vis-à-vis de l'Allemagne, qui n'a pas connu un tel phénomène. Les booms immobiliers se révèlent être un puissant facteur de divergence de la croissance de la productivité entre pays européens.
Note : Dans cette étude, la productivité mesurée est la productivité globale de facteurs (PGF), soit la part de la richesse supplémentaire produite qui ne s'explique pas par de nouvelles heures de travail ou une utilisation plus intensive du capital productif.
Source : Lettre du CEPII, n° 402, septembre 2019.
Commentaire : Entre 2000 et 2015, la PGF espagnole a stagné, en France elle a crû à un rythme moitié moindre qu'en Allemagne (graphique 1). Une hausse (baisse) des prix immobiliers fait augmenter (diminuer) la taille relative des secteurs qui ont davantage de capital immobilier. Le boom immobilier a ainsi favorisé la croissance de secteurs peu productifs en Espagne et en France. Les réallocations sectorielles induites par les chocs de prix immobiliers ont pour effet d'induire des pertes et des gains de productivité significatifs (graphique 3).