Les exportations françaises de biens vers l'Union européenne. DG Trésor. Décembre 2019.
La France est le 3ème exportateur européen vers l'UE, malgré un recul depuis 2000. L'élargissement vers l'Est a en effet favorisé les pays situés plus au centre de l'Europe. La France a aussi connu une détérioration de sa compétitivité-coût et de son positionnement en gamme dans les années 2000, tout en renforçant ses positions dans l'aéronautique et certains secteurs de services. Des mesures prises ces dernières années devraient contribuer à améliorer sa compétitivité et ses performances.
Lettre Trésor-Éco n°253, 19 décembre 2019.
par Orhan Chiali.
Résumé
Malgré le poids grandissant des économies émergentes dans les échanges mondiaux, l'Union européenne (UE) demeure le premier marché de destination des flux commerciaux de biens et le premier marché d'exportation pour la France (59 % des exportations françaises en 2018). Depuis 2000, les échanges de biens à l'intérieur de l'UE ont fortement augmenté (+100 % en valeur entre 2000 et 2018).
La France, comme le Royaume-Uni et l'Italie, n'a pris qu'une part modérée à ce dynamisme : ses exportations en Europe n'ont cru que de 26 % en valeur, et sa part de marché a reculé de 12 % en 2000 à 9 % en 2018. Dans le même temps, l'Allemagne et les Pays-Bas ont réussi à consolider leurs positions, tandis que certains pays d'Europe centrale ont fortement progressé, en particulier la Pologne, la République tchèque et la Hongrie.
L'analyse de la concurrence à laquelle les exportations françaises sont confrontées au sein de l'UE montre que l'Allemagne demeure notre principal compétiteur dans le commerce intra-UE. La concurrence que nous font l'Italie, la Belgique et le Royaume-Uni est en recul, tandis que celle des Pays-Bas et de l'Espagne s'intensifie. Nos exportations sont par ailleurs concurrencées par celles des pays d'Europe centrale depuis leur accession au marché unique, notamment dans le secteur automobile.
La concurrence que subit la France sur ses principaux marchés historiques se renforce, et ses marchés d'exportation se sont moins diversifiés que, par exemple, ceux de l'Allemagne. Cela résulte en partie d'un positionnement géographique plus décentré au sein de l'UE depuis l'intégration en 2004 des pays d'Europe centrale. Les pays frontaliers de la France (Allemagne, Espagne, Italie, Belgique et Royaume-Uni) représentent 70 % de ses exportations intra-UE.
La détérioration, dans les années 2000, de sa compétitivité-coût et la montée en gamme insuffisante de ses produits ont également constitué des freins aux exportations de biens de la France. La forte compétitivité-coût des pays d'Europe centrale a entraîné une recomposition des chaînes de valeur en Europe, dont certains États membres, l'Allemagne en premier lieu, ont su tirer parti pour maintenir leur assise industrielle et renforcer leurs exportations de produits finis.
Le recul important des parts de marché françaises dans les exportations de biens intra-UE contraste avec les bonnes performances des exportations de services, dans des secteurs à haute valeur ajoutée (R&D, services aux entreprises, services financiers) figurant parmi les avantages comparatifs révélés les plus importants de la France.
Sommaire
- La France est le troisième contributeur au commerce intra-UE de biens mais a perdu progressivement du terrain au cours des 20 dernières années
- La concurrence s'intensifie avec les nouveaux États membres
- Le recul des parts de marché de la France s'explique par une faible diversification géographique et par la détérioration de sa compétitivité dans les années 2000
Encadrés
- Construction de deux indicateurs d'intensité concurrentielle
- L'évolution des chaînes de valeurs européennes dans le secteur automobile
Source : Lettre Trésor-Éco n°253, décembre 2019.
Pour aller plus loin...
Patrick Artus, "Comment la France résiste-t-elle à la globalisation ?", Flash Economie n°115, 27 janvier 2020.