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Les fonctionnaires face à l'élection présidentielle de 2017. Cevipof. Janvier 2017.

Publié le 05/01/2017

Le Cevipof publie le troisième volet du suivi des intentions de vote des fonctionnaires pour l'élection présidentielle de 2017 qui s'appuie sur la vague 9 de "l'enquête électorale française : comprendre 2017" mise en œuvre en décembre 2016 (auprès de 18013 personnes inscrites sur les listes électorales).

Les précédentes publications en mars 2016 (étude n°1) puis en mai 2016 (étude n°2) avaient noté un glissement des intentions de vote des fonctionnaires vers le centre et la droite parlementaire relativement à l'élection présidentielle de 2012, malgré un ancrage culturel et historique à gauche, notamment dans l'hypothèse où Alain Juppé serait le candidat LR. Elles soulignaient également une certaine radicalisation des probabilités de vote en 2017 chez tous les fonctionnaires, plus marquée dans l'hypothèse d'une candidature LR de Nicolas Sarkozy : une poussée du FN dans toutes les fonctions publiques (d'État, territoriale et hospitalière) et toutes les catégories (A, B et C), mais aussi une montée de la gauche contestataire.

Avec la victoire de François Fillon aux primaires de la droite et la décision de François Hollande de ne pas briguer un second mandat, on pouvait supposer que les fonctionnaires, déçus par l'action du Président socialiste et malmenés par le programme libéral de François Fillon1, réorienteraient leurs intentions de vote vers la gauche. Contre toute attente, l'étude du Cevipof montre que Marine Le Pen et le candidat LR restent en tête des intentions de vote des fonctionnaires au premier tour des élections présidentielles, quelles que soient les hypothèses de candidatures retenues. Cette droitisation du vote des fonctionnaires est également visible dans le recul des intentions de vote à gauche, notamment pour le PS (et malgré une progression de Jean-Luc Mélenchon). Elle est en phase avec la droitisation de l'ensemble de l'électorat français. Plus qu'à son programme économique libéral, les fonctionnaires, semblent sensibles, comme de nombreux Français, à la réaffirmation de l'autorité de l'État et des institutions défendue par le candidat de la droite parlementaire. Cette orientation profite aussi aux candidats du centre (Macron, Bayrou), en particulier chez les enseignants, tandis que les intentions de vote pour le FN s'effritent quelque peu chez tous les agents publics.

Ce constat doit cependant être nuancé. D'une part les fonctionnaires constituent un électorat hétérogène, avec des métiers, des statuts et des conditions de travail très différents, et des intentions de vote très contrastées, par exemple entre les policiers et militaires (près de 50% d'intentions de vote pour Le Pen et près de 30% pour Fillon) et les enseignants (chez qui Valls et Mélenchon se placent devant Fillon et Le Pen obtient un score très bas). On constate également un différentiel important d'attractivité de l'extrême-droite entre la catégorie A et la catégorie C où le FN semble durablement implanté dans les intentions de vote. D'autre part, les agents publics restent toujours davantage positionnés à gauche que les salariés du secteur privé. Chez ces derniers, les votes pour les candidats de la gauche ne devraient pas dépasser 12 ou 13%, Emmanuel Macron étant le candidat le plus à gauche ou le moins à droite accrédité de plus de 15% d'intention de vote.

L'enquête électorale française : comprendre 2017, Note #28, vague 9, janvier 2017.

par Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS.

Résumé

L'analyse des intentions de vote des fonctionnaires en décembre 2016 montre que la droitisation de l'électorat fonctionnaire s'inscrit dans la longue durée. Cette droitisation joue davantage au profit des candidats de la droite parlementaire et du centre qu'au profit du Front national bien que ce dernier se soit fortement ancré dans les services publics. Le programme très libéral de François Fillon en matière de fonction publique ne semble pas avoir jeté les fonctionnaires dans les bras des candidats de gauche. Cette évolution s'inscrit dans la perspective d'une demande générale d'autorité mais aussi de la crise sociale qui secoue la fonction publique la plus modeste.

Note :

1. Ce programme prévoit une hausse du temps de travail des fonctionnaires pour supprimer à terme 500 000 postes dans la fonction publique, un alignement du régime de retraite des fonctionnaires sur celui des salariés du privé, une réforme de la sécurité sociale et du système de santé susceptible d'affecter la fonction publique hospitalière.

Voir aussi :

L'étude de cas n°4 sur les intentions de vote des fonctionnaires : L'enquête électorale française : comprendre 2017, Note #31, vague 11, février 2017.