Les maires de France : entre résignation et incertitude. Cevipof. Novembre 2018.
Dans le cadre du nouvel Observatoire de la démocratie de proximité, à l'initiative et en partenariat avec l'AMF (Association des maires de France), le CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) a mené une enquête en ligne auprès de l'ensemble des maires de France : "Les maires de France". Cette enquête a pour but de mieux connaître le profil des maires de France, leurs trajectoires, leurs difficultés, et de comprendre l'évolution de la représentation politique au niveau local.
L'Observatoire de la démocratie de proximité, créé par l'AMF et le CEVIPOF, interrogera chaque année jusqu'aux municipales de 2020 les maires de France ainsi qu'un échantillon représentatif de Français pour comprendre leurs attentes et leur représentation du rôle de la commune.
Cette première note de synthèse explore l'état d'esprit des maires de France en 2018, leurs relations avec l'intercommunalité et leur position vis-à-vis des grandes réformes engagées par l'État (réformes institutionnelles et des finances locales). Elle révèle que pratiquement un élu sur deux ne souhaite pas se représenter en 2020 et que ce souhait est croissant avec l'âge et décroissant avec la taille de la commune.
Enquête 2018 "Les maires de France". Synthèse des résultats de la vague 1, Observatoire de la démocratie de proximité, AMF-CEVIPOF/SciencesPo, novembre 2018.
par Martial Foucault (Professeur à Sciences Po et directeur du CEVIPOF).
Résumé
La France des territoires locaux est-elle en crise ? Pourquoi les maires de ces 35 357 communes expriment-ils depuis plusieurs mois un sentiment de lassitude vis-à-vis de responsabilités politiques et administratives qu'ils jugent de plus en plus difficiles à assumer ? Les raisons sont multiples et profondes. Surtout elles ne sont pas nouvelles. En mars 2014, 40% des maires avaient été renouvelés aux élections municipales. En octobre 2018, la part élevée d'élus indiquant ne pas vouloir se représenter laisse augurer un plus fort renouvellement en 2020. Les raisons de cette tendance sont multiples mais ont en commun une forme de résignation des maires contenue par un sens du devoir et un esprit républicain du quotidien. Mais la contestation assumée et relayée par les associations d'élus locaux face au malaise dans leurs relations vis-à-vis de l'État central et aux effets liés à l'application de certaines réformes (loi NOTRe, suppression de la taxe d'habitation) ouvre une période de forte incertitude.
Dans le cadre du nouvel Observatoire de la démocratie de proximité, à l'initiative et en partenariat avec l'AMF, le CEVIPOF a mené une enquête en ligne auprès de l'ensemble des maires de France pour dresser leurs portraits, pour connaître les trajectoires de celles et ceux qui occupent cette fonction, pour mieux appréhender leurs difficultés, et pour comprendre l'évolution de la représentation politique au niveau local. Pilier de la démocratie locale, le maire bénéficie encore aujourd'hui du niveau de confiance le plus élevé (parmi tous les élus) de la part des citoyens. Toutefois, ce capital de confiance ne doit pas dissimuler la mise sous tension du maire dans son environnement quotidien l'obligeant à une grande capacité d'adaptation pour ne pas sombrer dans la résignation.
A lire également :
Les analyses de Martial Foucault et Gérard Courtois dans Le Monde du 16 novembre 2018.
L'article de l'AMF : Un fort sentiment de « perte d’autonomie » chez les maires, selon le Cevipof, Maire info, 15 novembre 2018.
Source : Enquête 2018 "Les maires de France", synthèse des résultats de la vague 1, novembre 2018