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Les mutations du Système Monétaire International. Natixis. Décembre 2020.

Publié le 28/12/2020

► Patrick Artus, Les mutations du Système Monétaire International. Flash Économie n° 1412, 14 décembre 2020.

Résumé

Le Système Monétaire International a beaucoup évolué depuis le début de la décennie 2010.

Des années 1990 à 2013, il prend la forme de ce qu'on a appelé « Bretton Woods 2 » : il est dominé par la relation entre les États-Unis (qui fournissent au Monde la dette sans risque dominante) et la Chine (qui finance le déficit extérieur des États-Unis).

Depuis 2013, le Système Monétaire International change beaucoup : ce n'est plus la Chine, mais l'Europe et les pays émergents autres que la Chine et les pays exportateurs de pétrole qui financent le déficit extérieur des États-Unis et la relation avec les États-Unis n'est plus coopérative ; les flux de capitaux internationaux sont de moins en moins des flux de capitaux portant sur les dettes sans risque, de plus en plus des flux de capitaux portant sur les actions.

Le « nouveau » Système Monétaire International reste inefficace : l'excès d'épargne du Monde est transféré vers les États-Unis, au détriment de la croissance des pays émergents et de l'Europe ; les flux de capitaux ne sont pas cohérents avec les situations démographiques des différentes régions.

La question pour le futur est donc celle d'une évolution importante du Système Monétaire International, avec un recul du rôle du dollar comme monnaie de réserve lié à la réalisation du « paradoxe de Triffin ». Cette évolution viendrait d'un recul de la confiance, politique, économique, financière dans les États-Unis, la confiance ayant des caractéristiques nouvelles compte tenu du rôle des flux de capitaux internationaux en actions ; de la volonté des pays émergents et de l'Europe de conserver leur épargne pour financer leurs investissements. Elle serait associée à une hausse du rôle international de l'euro, probablement pas d'autres devises.

► Patrick Artus, Le Système Monétaire International et le « privilège exorbitant des États-Unis » : de la dette du Trésor des États-Unis aux GAFAM. Flash Économie n° 1312, 17 novembre 2020.

Résumé

Le Système Monétaire International, traditionnellement, tournait autour de la dette du Trésor des États-Unis. Cette dette étant l'actif sans risque de référence du Monde, la capacité des États-Unis à fournir cet actif au Reste du Monde leur permettait de financer sans difficulté les « déficits jumeaux », le déficit budgétaire et le déficit extérieur.

Mais les achats de dette du Trésor des États-Unis par les non-résidents ont progressivement diminué, et ce que les États-Unis vendent au Reste du Monde est aujourd'hui de plus en plus des actions américaines, en particulier des actions des sociétés technologiques (des GAFAM). Les États-Unis ne fournissent plus au Reste du Monde la dette sans risque de référence, mais de plus en plus les actions de référence, ce qui dissocie le financement du déficit public (de plus en plus domestique, avec le rôle de la Réserve Fédérale) et le financement du déficit extérieur (réalisé par les achats d'actions américaines par les non-résidents).

Le « privilège exorbitant » des États-Unis vient donc de plus en plus de leur capacité à vendre des actions au Reste du Monde. Une crise du secteur technologique aux États-Unis (par exemple remise en cause des rentes de monopole du secteur) d'une part ferait reculer la richesse des détenteurs, Américains et non-résidents, des actions du secteur ; d'autre part génèrerait une crise de balance des paiements aux États-Unis dont le déficit extérieur ne serait plus finançable.

► Patrick Artus, Le retour du paradoxe de Robert Triffin ? Flash Économie n° 1257, 3 novembre 2020.

Résumé

Dans les années 1960, dans plusieurs articles et livres, Robert Triffin décrivit le fameux paradoxe de Triffin :

- pour qu'une monnaie soit monnaie de réserve dominante (le dollar), il faut que la dette émise dans cette monnaie soit sûre, liquide, de grande taille ; le pays qui émet alors cette dette sans risque mondiale bénéficie du privilège de la monnaie de réserve : il peut s'endetter sans difficulté à un coût faible auprès du Reste du Monde pour financer un supplément d'investissement ;

- mais la qualité de la dette de ce pays se dégrade alors, d'une part, pour satisfaire la demande mondiale pour cette dette, le pays est amené à avoir un déficit extérieur continuel ; d'autre part, même s'il peut l'éviter en s'endettant pour ensuite réinvestir dans le Reste du Monde, il est incité à avoir un déficit extérieur et un déficit public continuels compte tenu de la facilité de financement de ces déficits. Progressivement, l'accumulation de dette publique et de dette extérieure dégrade la qualité de la dette du pays, jusqu'au point où il perd la possibilité d'émettre la monnaie de réserve internationale dominante.

Il est possible que la dynamique observée aujourd'hui aux États-Unis corresponde à ce que décrit le paradoxe de Triffin : le fait que le dollar soit monnaie de réserve dominante conduit inexorablement à ce qu'il finisse par perdre ce statut.

Voir aussi :

P. Artus, Les désordres de la circulation internationale des capitaux ont des effets très négatifs sur beaucoup de pays. Flash Économie n° 5, 4 janvier 2021.