Les politiques monétaires et budgétaires expansionnistes sont-elles substituables ou complémentaires ? Natixis. Janvier 2021.
Flash Economie n° 69, 29 janvier 2021.
par Patrick Artus.
Résumé
La thèse usuelle est celle de la substituabilité entre politique monétaire expansionniste et politique budgétaire expansionniste : si les États mettent en place une politique budgétaire suffisamment stimulante, alors les Banques Centrales pourront sortir des politiques monétaires très stimulantes. Cette thèse est souvent mise en avant aujourd’hui pour les États-Unis (si l’Administration Biden met en place des déficits publics très importants, la Réserve Fédérale pourra arrêter ses achats de titres) et pour la zone euro (le soutien de la BCE est moins nécessaire grâce aux plans de relance des États et de l’Union Européenne).
Mais la thèse contraire est celle de la complémentarité entre politique monétaire expansionniste et politique budgétaire expansionniste. Plus les déficits publics sont élevés et plus la dette publique augmente, plus il est nécessaire que la politique monétaire soit expansionniste pour maintenir la solvabilité budgétaire des États (il y a « fiscal dominance »).
Si la thèse de substituabilité est juste, on pourra observer en 2022 un début de réduction (de « tapering ») des achats de dette publique par les Banques Centrales aux États-Unis et dans la zone euro. Mais si la thèse de la complémentarité est juste, les achats de dette publique vont rester extrêmement importants pendant de nombreuses années. Nous examinons la vraisemblance des deux scénarios.
Pour aller plus loin :
Artus P., Que vont devenir les règles budgétaires et monétaires de la zone euro ? Natixis, Flash Économie n° 1362, 30 novembre 2020.
Artus P., Que peuvent faire les Banques Centrales de plus si la situation économique s'aggrave ? Natixis, Flash Économie n° 11, 6 janvier 2021.