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Les stratégies internationales des entreprises françaises. DG du Trésor. Septembre 2020.

Publié le 01/10/2020

Lettre Trésor-Éco n° 267, 24 septembre 2020.

par Grégoire de Warren. 

Présentation

Depuis le début des années 2000, les entreprises françaises ont privilégié les investissements plutôt que les exportations pour se développer à l'international. Ces stratégies, qui ont pu affecter la valeur ajoutée produite en France, reflètent une perte de compétitivité, un positionnement en gamme moyen ou encore la prédominance des grandes entreprises. Les réformes fiscales et structurelles de ces dernières années ainsi que la crise du Covid-19 pourraient venir inverser cette tendance.

Résumé

Lorsqu'elles s'engagent à l'étranger, les entreprises peuvent exporter depuis leur pays d'origine, ou bien investir dans le développement de filiales localisées dans les marchés ciblés. Les firmes multinationales combinent généralement ces deux stratégies. Au-delà de la compétitivité du pays d'origine et de l'attractivité des marchés extérieurs potentiels, ce choix dépend aussi des caractéristiques sectorielles et culturelles de l'entreprise.

Après avoir fortement reculé dans les années 2000, le nombre d'entreprises exportatrices françaises a augmenté entre 2011 et 2019, et parmi elles, comme dans notre tissu productif, le poids des grands groupes est important. Les entreprises françaises restent cependant moins nombreuses et moins performantes que les allemandes à l'export.

La France se caractérise par un niveau élevé d'investissements directs à l'étranger (IDE), dont les dividendes reçus compensent en partie la dégradation de notre balance commerciale. Cela reflète une perte de compétitivité dans les années 2000, notre positionnement moyen en termes de niveau de gamme, notre structure de production riche en grandes entreprises capables d'investir à l'étranger et certains facteurs culturels.

Le développement de ces IDE a pu contribuer à un recul de la valeur ajoutée produite en France, contrairement à l'Allemagne, où les IDE suivent davantage une logique de fractionnement du processus de production, en conservant les segments à plus forte valeur ajoutée sur le territoire national, compatible avec une hausse de la production et des exportations.

La crise du COVID-19 devrait accentuer le ralentissement des IDE mondiaux déjà à l'œuvre, et pourrait conduire certaines entreprises françaises à revoir leur stratégie en développant des capacités locales de production, pour sécuriser leurs approvisionnements. De telles évolutions modifieraient la structuration de notre appareil productif et l'insertion de l'économie française dans les chaînes de valeur mondiales.

Sommaire

1. Les exportations françaises progressent depuis 10 ans

1.1 La France présente un solde courant équilibré, malgré les fluctuations du solde commercial
1.2 La capacité exportatrice de la France s'est renforcée depuis 2011
1.3 La place des grandes entreprises dans les exportations françaises reflète leur poids dans l'appareil productif

2. Les entreprises françaises se sont développées en s'appuyant sur des investissements à l'étranger

2.1 L'importance des IDE français reflète les caractéristiques sectorielles et culturelles des entreprises
2.2 La valeur ajoutée industrielle produite a reculé pendant la croissance des IDE français
2.3 La crise du Covid pourrait infléchir les politiques d'investissement à l'étranger

Encadré 1 : L'exemple du secteur automobile

Cliquez sur les images pour un zoom sur les graphiques.

Graphique Évolution des exportations et des IDE à l'étranger de la France et de l'Allemagne depuis 2000

Source : Lettre Trésor-Éco n° 267, septembre 2020.

La France se caractérise par un niveau élevé d'investissements directs à l'étranger (IDE), en raison des stratégies d'internationalisation et de délocalisation de la production des entreprises françaises à partir du milieu des années 2000. L'excédent du solde des revenus primaires, lié en grande partie aux revenus des IDE, compense en partie la dégradation de la balance commerciale française. Les entreprises allemandes n'ont pas suivi la même stratégie : elles ont fait le choix de conserver les segments à plus forte valeur ajoutée sur le territoire national et d'importer les biens intermédiaires de pays à bas coûts de production (notamment des pays d'Europe centrale et orientale), ce qui a permis de maintenir une valeur ajoutée et un volume d'exportation nationales plus élevés.

Graphique Évolution du solde courant français depuis 2000

Graphique Évolution du solde courant allemand depuis 2000

Source : Lettre Trésor-Éco n° 267, septembre 2020.

En France, l'appareil productif est fortement concentré et les grands groupes sont largement dominants parmi les entreprises exportatrices : les 5 % plus grandes entreprises françaises réalisent près de 90 % des exportations, contre seulement 80 % pour les 5 % des plus grandes entreprises allemandes.

Graphique Contribution des entreprises manufacturières de plus de 250 salariés aux exportations en 2017

Source : Lettre Trésor-Éco n° 267, septembre 2020.

 

Sur le thème du commerce extérieur français, La Direction générale du trésor a aussi publié : Les services dans les échanges extérieurs français. DGT. Octobre 2020.