L'essor du temps partiel au fil des générations. Dares. Mai 2017.
La Dares publie une étude sur la diffusion du temps partiel dans l'emploi durant les dernières décennies et sur son impact sur les carrières des femmes et des hommes.
La part du temps partiel dans l'emploi a doublé depuis le milieu des années 1980. Il représente près d'un emploi sur cinq en 2015. Si son essor concerne toutes les générations, il reste majoritairement féminin (à 80%) et représente une part croissante de la carrière des femmes. Le temps partiel a accompagné la progression de l'activité et de l'emploi des femmes, la tertiarisation de l'économie et l'allongement de la durée des études chez les jeunes. La montée du temps partiel peut s'expliquer par la flexibilité qu'il apporte à certains salariés et employeurs. Cependant, il n'est pas toujours choisi et son essor reflète aussi la hausse des difficultés d'insertion sur le marché du travail et de l'instabilité de l'emploi.
L'étude de la Dares exploite les données de l'enquête Santé et itinéraire professionnel (SIP) qui permet de reconstituer le parcours professionnel des personnes en lien avec les événements marquants de leur vie familiale et privée. Elle permet de saisir comment le temps partiel a évolué au fil des générations de femmes et d'hommes et s'est progressivement diffusé dans les carrières, et quels sont les différents profils des personnes travaillant à temps partiel.
"L'essor du temps partiel au fil des générations : quelle incidence sur la première partie de carrière des femmes et des hommes ?", Dares Analyses n°033, 11 mai 2017.
par Karine Briard.
Les données de l'étude peuvent être téléchargées sur cette page.
Résumé
La diffusion de l'emploi à temps partiel est un des éléments de la transformation du marché du travail des dernières décennies. Son essor touche toutes les générations et concerne une part croissante de la population en emploi. Si, depuis les années 2000, la part de l'emploi à temps partiel s'est stabilisée pour les femmes, elle continue d'augmenter pour les hommes. Cependant, les femmes ont été et sont toujours les premières concernées par le temps partiel. Parmi les femmes en emploi nées entre 1935 et 1939, moins de 10% travaillaient à temps partiel entre 30 et 34 ans, alors que leurs cadettes de 25 ans étaient deux fois plus nombreuses (20%). Les hommes des mêmes générations étaient deux fois moins concernés (5%). De génération en génération, les taux d'activité et d'emploi des femmes se rapprochent de ceux des hommes, mais l'emploi à temps partiel reste majoritairement féminin et représente une partie plus importante de la carrière des femmes.
Parmi les personnes ayant été à temps partiel à un moment donné entre 20 et 40 ans, six grands types de parcours professionnels se distinguent selon que le temps partiel est plus ou moins continu, tardif ou transitoire. Pour certaines, l'emploi à temps partiel est motivé par des raisons familiales ; pour d'autres, les caractéristiques professionnelles (diplôme, secteur d'activité…) jouent davantage, mais les frontières sont ténues et les deux dimensions interagissent dans de nombreux cas.
Entre les générations 1935 et 1964, la hausse du nombre d'enfants et du niveau de diplôme des travailleurs à temps partiel traduit une modification du comportement d'activité des mères, qui sont moins souvent inactives lorsque leurs enfants sont jeunes et privilégient le temps partiel pour rester ou reprendre un emploi, ainsi que l'émergence de nouvelles modalités d'entrée dans la vie active sur des emplois qualifiés pour lesquels le temps partiel constitue un passage obligé vers un emploi stable à temps complet.
Sommaire
- Le temps partiel concerne une part croissante de la population en emploi, mais reste majoritairement féminin
- L'emploi à temps partiel représente une part croissante de la carrière des femmes
- Le travail à temps partiel avant 40 ans recouvre des situations et des parcours professionnels variés
- Les parcours de type «temps partiel continu» : un emploi stable à temps partiel plutôt tertiaire, hors commerce, plus souvent pour des cadres à 40 ans
- Les parcours de type «temps partiel tardif» : un emploi à temps partiel stable pour des femmes en couple
- Les parcours de type «temps partiel peu actif» : un lien lâche à l'emploi qui concerne davantage des femmes ayant au moins deux enfants
- Les parcours de type «temps partiel transitoire» : un lien fort à l'emploi, des quotités de travail élevées pour des personnes plutôt peu diplômées
- Les parcours de type «temps partiel permanent» : un lien fort à l'emploi, des quotités de travail élevées et des situations professionnelles stables à 40 ans
- Les parcours de type «temps partiel d'entrée» : l'emploi à temps partiel comme modalité d'accès à l'emploi à temps complet
- Au fil des générations, le temps partiel se diffuse auprès des mères et comme modalité d'accès à certains emplois qualifiés
Source : Dares Analyses 033, mai 2017
Pour aller plus loin :
Françoise Milewski, "Le temps partiel", L'économie française 2015 (La Découverte, coll. Repères), mis en ligne sur SES-ENS le 02/11/2015.