L'impact sur les finances publiques de 30 ans d'immigration en France. CEPII. Janvier 2019.
Quel est l'impact budgétaire de l'immigration en France ? Selon une étude du CEPII, l'immigration a un impact limité sur les finances publiques : la contribution nette des immigrés (total des versements – total bénéfices reçus) est globalement négative sur 30 ans, mais relativement faible comparée à celle des natifs (elle est comprise entre -0,5% et +0,05 % du PIB). Les estimations réalisées montrent qu'«à aucun moment, au cours des dernières décennies, l'immigration n'a déterminé l'ampleur et l'évolution du solde budgétaire primaire». Ainsi, toutes les années où le solde primaire a été négatif sur la période étudiée (1979 à 2011), la contribution des natifs était également négative. Ces résultats reposent sur deux choix méthodologiques : les enfants d'immigrés sont intégrés dans la population native ; les dépenses publiques collectives sont réparties uniformément entre natifs et immigrés.
La relative neutralité de la population immigrée sur les comptes publics s'explique par une structure démographique favorable (les catégories d'âge actif sont surreprésentées parmi les immigrés), ce qui compense leur moindre contribution nette individuelle aux finances publiques. Le niveau de qualification a également une incidence sur cette contribution. Etant globalement moins qualifiés que les natifs, à l'âge actif les immigrés sont en moyenne moins prélevés que personnes nées en France et reçoivent un peu plus de transferts, notamment à cause d'une probabilité de chômage plus forte. Cependant, après 60 ans, ils bénéficient de transferts moyens inférieurs (pensions de retraite plus faibles) et leur contribution nette est alors plus élevée que celle des natifs.
La Lettre du CEPII n°394, décembre 2018.
par Xavier Chojnicki, Lionel Ragot, Ndeye-Penda Sokhna.
Résumé
La question migratoire s'est retrouvée au centre des débats politiques de ces dernières années, qu'il s'agisse du vote anglais en faveur du Brexit en juin 2016, de l'élection de Donald Trump aux États-Unis en novembre 2016 ou encore des élections législatives fédérales en Allemagne en septembre 2017. À chaque fois, le débat politique s'est polarisé sur le nombre de migrants que l'économie du pays pouvait «raisonnablement» accueillir et surtout sur le coût qui en résulterait pour la collectivité. Si cette question a été relativement peu abordée durant la dernière élection présidentielle en France, elle n'en demeure pas moins un sujet de préoccupation des Français. Cette Lettre apporte des éléments d'évaluation de la contribution nette des immigrés aux finances publiques françaises sur une période de plus de 30 ans (1979 à 2011), en la calculant comme la différence entre les taxes, cotisations et impôts divers versés et l'ensemble des bénéfices obtenus du secteur public (dépenses sociales, santé, éducation, retraite, etc.). Les estimations réalisées montrent que, sur l'ensemble de la période étudiée, la contribution des immigrés en pourcentage du PIB est relativement faible (entre -0,5% et +0,05%). À aucun moment l'immigration n'a déterminé l'ampleur et l'évolution du solde budgétaire primaire.
Sommaire
- L'évolution des caractéristiques socioéconomiques de la population immigrée (taille, structure par âge et par qualification)
- Contribution nette en fonction de l'âge et de la qualification
- La population immigrée n'a jamais été à l'origine du déficit budgétaire primaire en France
- Des résultats très sensibles à deux choix méthodologiques, concernant l'affectation des enfants de la «seconde génération» dans la population et la répartition des dépenses publiques collectives entre natifs et immigrés
Source : La Lettre du CEPII n°394, décembre 2018
Pour aller plus loin :
C X. Chojnicki, L. Ragot, N-P. Sokhna (2018), "L'impact budgétaire de 30 ans d'immigration en France : (I) une approche comptable", Document de travail du CEPII, n°2018-04, avril 2018.