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Qu'est devenu le miracle sud-coréen ? CEPII. Juin 2018.

Publié le 11/06/2018

Deux billets de Michel Fouquin publiés dans le blog du CEPII s'intéressent à la Corée du Sud, un cas intéressant pour illustrer les processus de spécialisation internationale (en terminale et CPGE) et les stratégies de développement (en CPGE ECE). La stratégie de développement industriel de la Corée du Sud, reposant sur l'ouverture internationale et l'insertion dans l'économie mondiale, a permis un essor économique exceptionnel de ce pays et un rattrapage des PDEM. Mais, comme le relève Michel Fouquin, elle est aujourd'hui source d'incertitudes au plan économique et laisse le développement social inachevé.

La Corée du Sud est souvent présentée comme un modèle de sortie du sous-développement et de réussite économique. Ce pays qui, dans les années 1950, faisait partie des pays plus pauvres du monde, a rejoint le club des pays riches. Membre du G20 et de l'OCDE, la Corée du Sud est désormais la onzième puissance économique mondiale [1]. Elle est l'un des pays leader dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication et consacre 4,2 % de son PIB à la recherche-développement (2ème rang au sein de l'OCDE). Elle a également massivement investi dans l'éducation (comme les autres «Dragons» d'Asie du Sud-Est, elle obtient des scores élevés au test international PISA), ainsi que dans les infrastructures de communication électronique (les Coréens du Sud sont la population plus connectée du monde). Par ailleurs, le taux de chômage y est inférieur à 4%.

Dans le premier billet (Qu'est devenu le miracle coréen ?, 1/06/2018), Michel Fouquin rappelle les principaux traits de la trajectoire économique remarquable de la Corée du Sud et de son modèle de développement, inspiré du Japon. Ce pays a suivi une stratégie d'industrialisation axée sur la promotion des exportations à partir des années 1960. Après une spécialisation dans les industries légères (vêtements, textile, meubles...), il a opéré une remontée de filière en investissant dans les secteurs à forte intensité capitalistique (sidérurgie, construction navale, automobile, pétrochimie, électronique et semi-conducteurs...). Son industrie est montée progressivement en gamme grâce aux investissements dans la recherche-développement. De nombreux facteurs ont participé au développement économique rapide de la Corée du Sud. On peut mentionner notamment les transferts technologiques, une intervention forte de l'Etat dans le secteur industriel (orientation des investissements, protection des industries naissantes), une main d'œuvre abondante, bon marché et qualifiée, une monnaie sous-évaluée.

Malgré ces bonnes performances économiques, le développement de la République de Corée comporte des faiblesses : une économie très dualiste avec de grands groupes industriels aux stratégies mondiales (les chaebols) et un tissu de PME peu productives, un retard notable en matière de dépenses sociales, un taux de pauvreté élevé parmi les retraités, un taux de fécondité très bas et un vieillissement de la population, un manque d'emplois qualifiés pour les jeunes diplômés du supérieur... Ces fragilités du modèle économique sud-coréen avaient éclaté au grand jour avec la crise asiatique de 1997 qui avait entraîné une forte augmentation du nombre de travailleurs pauvres et des inégalités. Les indicateurs internationaux révèlent les médiocres performances sociales, mais aussi environnementales et démocratiques de la Corée du Sud (voir par exemple le better life index de l'OCDE, la très faible représentation politique des femmes et l'indice de perception de la corruption de l'ONG Transparency International).

Selon Michel Fouquin, pour pouvoir faire face aux différents défis qui se présentent à elle aujourd'hui, la Corée du Sud doit «passer d'une croissance tirée par l'exportation à une croissance tirée par la croissance des revenus et des emplois». Les mesures récentes prises par le Président Moon Jae-in élu en 2017 (hausse du salaire minimum et des transferts sociaux) semblent emprunter cette voie. Cette réorientation de la croissance semble d'autant plus nécessaire que la forte internationalisation de l'économie sud-coréenne présente aujourd'hui des risques, que Michel Fouquin aborde dans le second billet (La stratégie internationale de la Corée en question, 4/06/2018). En effet, l'intensité des relations de la Corée du Sud avec ses principaux partenaires commerciaux (Chine, États-Unis, Japon) la rend très sensible aux évolutions de leurs économies et à leurs stratégies commerciales. La montée du protectionnisme américain et des conflits commerciaux, le recentrage de l'économie chinoise et son désengagement du commerce d'assemblage, les difficultés pour les exportations coréennes à pénétrer le marché japonais en l'absence d'un accord de libre-échange entre les deux pays, créent de nombreuses incertitudes pour le futur.

Quant à l'avenir des relations de la Corée du Sud avec son pays frère du Nord, il dépendra des réformes entreprises dans celui-ci et de sa volonté d'ouverture internationale. La concrétisation de la promesse de paix et de stabilité dans la péninsule coréenne, exprimée lors du sommet Kim-Trump de juin, pourrait ouvrir la voie à une coopération économique avec la Corée du Nord et à son intégration progressive dans l'économie mondiale. Reste à savoir de quel modèle d'intégration celle-ci pourrait s'inspirer pour réaliser son développement économique. Dans un article publié sur The Conversation (Corées : réunification politique, intégration économique… et réticences à tous les étages, 11/06/2018), Michel Fouquin propose un tour d'horizon des perspectives qui se dessinent pour l'économie nord-coréenne et de ses répercussions possibles pour la Corée du Sud.

Michel Fouquin, "Qu'est devenu le miracle coréen ?", Blog du CEPII, billet du 1er juin 2018.

Résumé : Le miracle coréen c'est un développement économique exceptionnel et une démocratisation réussie. Mais le pays doit désormais faire face à un certain nombre de défis.

Michel Fouquin, "La stratégie internationale de la Corée en question", Blog du CEPII, billet du 4 juin 2018.

Résumé : Atout majeur de la stratégie de développement de la Corée, son internationalisation la rend particulièrement sensible aux évolutions de l'économie mondiale et en particulier à celles de ses partenaires les plus proches : la Chine, les États-Unis et le Japon. Cet environnement a rarement été aussi incertain, allant du pire au meilleur.

 

Quelques graphiques illustrant l'ouverture commerciale de la Corée du Sud et l'évolution de sa spécialisation internationale :

Corée du Sud - Degré d'ouverture en % du PIB
(part des importations et des exportations dans le PIB)

Source : "Profils Pays", Panorama du CEPII, n°2016-02, juin 2016

 

Corée du Sud - Structure des exportations de biens et services par filière

Source : "Profils Pays", Panorama du CEPII, n°2016-02, juin 2016

 

Corée du Sud - Exemples de cycles de spécialisation : avantages comparatifs révélés
(en millièmes du PIB courant 2016)

Source : Michel Fouquin, "Qu'est devenu le miracle coréen ?", Blog du CEPII, 1er juin 2018

 

Corée du Sud - Structure des exportations par gamme de valeurs unitaires
(en % du total des exportations de biens manufacturés)

Source : "Profils Pays", Panorama du CEPII, n°2016-02, juin 2016

Note :

[1] Bien que la richesse moyenne par habitant soit inférieure à la moyenne de l'OCDE en Corée du Sud, ce pays fait partie des «économies à revenus élevés» selon la classification de la Banque Mondiale et dispose d'un IDH supérieur à 0,9.