Seniors et catégories modestes investissent les réseaux sociaux. Credoc. Décembre 2015.
Consommation & Modes de Vie n°278, décembre 2015.
par Régis Bigot, Patricia Croutte, Sandra Hoibian et Jörg Müller.
Résumé
En 2014, près d'un Français sur deux est inscrit sur un réseau social en ligne. Cela représente 58% des internautes, soit 26 millions de personnes déclarant participer à des réseaux sociaux. Les travaux de recherche menés par le CRÉDOC montrent que, s'ils sont restés longtemps l'apanage des jeunes et des catégories aisées, ces réseaux sont aujourd'hui très investis par les catégories modestes et les seniors ; les plus de 60 ans y sont plus présents et actifs que les catégories aisées. Ces nouveaux utilisateurs n'hésitent pas à poster des contributions et sont plus nombreux à faire figurer dans leur carnet d'adresses digital des personnes qu'ils n'ont jamais rencontrées «dans la vie réelle».
Les catégories aisées, quant à elles, utilisent davantage les réseaux sociaux pour y puiser des contenus et consolider leur réseau de relations en réactivant des liens avec des personnes perdues de vue depuis longtemps ou éloignées géographiquement.
Les réseaux sociaux en ligne renouvellent les formes de sociabilité et favorisent des liens moins engageants que des liens traditionnels, sans réussir nécessairement à combler un sentiment de solitude présent chez ceux qui y sont les plus actifs. Pour une minorité cependant, ces réseaux permettent d'amorcer des relations, amoureuses ou non, qui se traduiront «dans la vie réelle».
Sommaire
- Des profils moins aisés et plus âgés
- Les réseaux sociaux en ligne ne comblent pas la solitude
- Avant tout: entretenir des liens existants
- Un effet boule de neige
- 18 % ont fait une rencontre amoureuse
- La «cybersécurité», un enjeu pour les réseaux
Pour aller plus loin :
"Veux-tu être mon ami? L'évolution du lien social à l'heure numérique", par R. Bigot, P. Croutte, S. Hoibian, J. Muller, Cahier de recherche n°312, Crédoc, décembre 2014.
Résumé
En 2014, près d'un Français sur deux est inscrit sur un réseau social en ligne. Restés longtemps l'apanage des jeunes et des catégories aisées, les réseaux sociaux sont aujourd'hui investis par les catégories modestes et les séniors. Ces nouveaux utilisateurs n'hésitent pas à poster des contributions et sont plus nombreux que les autres à faire figurer dans leur carnet d'adresse digital de nouvelles personnes, qu'elles n'ont jamais rencontré «dans la vie réelle». Les catégories aisées, quant à elles, utilisent davantage les réseaux sociaux pour y puiser des contenus et consolider des «liens faibles» en réactivant des relations avec des personnes perdues de vue depuis longtemps ou éloignées géographiquement. L'exposition de soi est la principale technique de communication sur ces nouveaux médias. Les tentations d'enjoliver la réalité se heurtent à un souci de cohérence dans le temps et au fait qu'une bonne partie des amis de toujours et des proches figurent également parmi les «contacts» ou les «amis numériques». En définitive, les réseaux sociaux en ligne renouvellent les formes de sociabilité et favorisent des liens moins engageants que des liens traditionnels, sans réussir nécessairement à combler un sentiment de solitude présent chez ceux qui y sont les plus actifs. Mais dans une société où le capital social est visible aux yeux de tous et valorisé socialement, comment ne pas avoir envie d'élargir à l'infini son cercle relationnel ?