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Transition énergétique : faut-il craindre pour l’emploi ? CAE. Novembre 2023

Publié le 22/11/2023

Note du CAE, n° 80, novembre 2023

Version Imprimable.

Par François Fontaine, Hélène Ollivier, Aurélien Saussay, Katheline Schubert.

Résumé

La transition énergétique va induire une transformation structurelle majeure des modèles de production et engendrer des répercussions macroéconomiques encore complexes à appréhender. Une inquiétude particulière concerne l'emploi. La transition sera-t-elle synonyme de destructions massives d'emplois et de délocalisations en raison de la hausse des coûts de production des entreprises et des pertes de compétitivité ? Ou, au contraire, sera-t-elle créatrice de croissance et de nouvelles opportunités, avec le développement de très nombreux emplois verts hautement qualifiés et rémunérés ? Pour éclairer ce débat, nous présentons, dans cette Note, une quantification des effets de la transition énergétique sur l'emploi, modélisée par l'instauration d’une taxe sur le carbone de 100 euros la tonne de CO2.

Au niveau macroéconomique, cette taxe aura des répercussions limitées sur l'emploi en France : d'abord car les entreprises adapteront sans doute leur mix énergétique en conséquence ; ensuite car cette tarification du carbone sera très probablement adoptée au niveau européen, parallèlement à un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. Il faut également tenir compte de la diversité des technologies et des mix énergétiques au sein de chaque secteur car la forte hétérogénéité entre entreprises implique de nombreuses réallocations de l'emploi au sein d'un même secteur, plus importantes que les réallocations entre secteurs : la somme des destructions et créations d'emplois intrasectorielles représenterait en effet 4 % de l’emploi total.

L'argument d’un impact négatif sur l'emploi ne doit donc pas nous détourner d'une trajectoire européenne crédible d'augmentation du prix du carbone, instrument essentiel pour la décarbonation.  Notre principal instrument à ce titre, le marché européen du carbone, devrait être amélioré afin de s'assurer de son efficacité : en ciblant les entreprises et non pas les établissements — les réallocations de production sont en effet aisées à cette échelle — et en encadrant plus strictement les mesures compensatoires. Pour réussir cette transition, il faut accompagner les entreprises et les territoires les plus affectés en s'assurant que les difficultés d'accès au crédit n'empêchent pas les entreprises efficaces, dont le potentiel de transformation est important, de réaliser les investissements nécessaires à leur transition vers un mode de production moins carboné. Notre connaissance de la consommation énergétique des entreprises n'est cependant que partielle. Il est indispensable de se donner les moyens statistiques de l'étendre à l'ensemble des secteurs économiques, au-delà de la seule industrie manufacturière.

Si les arguments du « job killing » sont faibles, l'idée que la transition serait massivement créatrice d'emplois verts doit aussi être relativisée. Les emplois verts sont bien amenés à se développer mais ils ne représenteront qu'une part modeste de l'emploi total. Ces emplois exigent une variété de compétences clés plus large que les emplois neutres, mais, pour l'heure, ils ne sont pourtant pas mieux rémunérés à profession égale. Pour atteindre nos objectifs climatiques, il est donc essentiel de combler un déficit potentiel d'attractivité pour les métiers de la transition bas carbone.

Sommaire

  • L'impact de la tarification du carbone
  • Quelles politiques publiques ?
  • Les emplois verts

Cliquez sur les images pour agrandir les figures

 

Pour aller plus loin

Barrows G., Calel R., Jégard M., Ollivier H., (2023) « Estimation de l’effet du marché du carbone européen sur l’industrie manufacturière française », Focus n° 101, novembre.

France stratégie (2019) : « La valeur de l’action pour le climat », Rapport de la commission présidée par Alain Quinet.