Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Navigation
Vous êtes ici : Accueil / Actualités / Veille / Les économies émergentes dans les chaînes de valeur mondiales. DG du Trésor. Février 2022.

Les économies émergentes dans les chaînes de valeur mondiales. DG du Trésor. Février 2022.

Publié le 21/02/2022

Trésor-Éco n° 301, Direction générale du Trésor, 15 février 2022.

par C. Colin, X. Coeln, P.-Y. Le Floc'h, L. Vedel.

Présentation

L'intégration des pays émergents au commerce mondial, en particulier de la Chine, a bouleversé les échanges et les chaînes de productions mondiales. L'exemple chinois et coréen montre que ce processus d'intégration se fait par phases successives. À partir d'une spécialisation fondée sur leur avantage comparatif, les pays émergents diversifient ensuite leur production avant de se spécialiser à nouveau via une montée en gamme et une baisse de la dépendance aux intrants étrangers.

Résumé

L'intégration des pays émergents, en particulier de la Chine, au commerce mondial a bouleversé le paysage des échanges et des chaînes de production mondiales ces trente dernières années.

Pour caractériser ce processus, les économies émergentes peuvent être examinées sous trois angles distincts mais liés : 1) leur degré d'intégration aux chaînes de valeur mondiales (mesuré notamment par le contenu en importations de leurs exportations) ; 2) la spécialisation de leurs exportations ; 3) leur positionnement en gamme.

Il ressort de l'analyse des données du commerce international en valeur ajoutée que les pays émergents auraient suivi une stratégie d'intégration au commerce mondial par phases successives. À l'exemple de la Chine, ces pays auraient profité dans un premier temps d'une spécialisation fondée sur leurs avantages comparatifs au sein des chaînes de valeur mondiales, avant de diversifier leurs productions et leurs exportations, puis finalement de se spécialiser de nouveau à mesure de la montée en gamme de leurs productions. Ce dernier phénomène s'accompagne d'une remontée de la chaîne de valeur pour ces secteurs de spécialisation, ou « ré-internalisation », qui se traduit par une baisse progressive de la dépendance aux intrants étrangers nécessaires à la production de ces biens (composants électroniques, machines), partiellement remplacés par de la production locale.

Ainsi, la relation entre niveau d'intégration dans les chaînes de valeur mondiales et niveau de développement économique ne semble pas linéaire. Une dynamique de re-localisation des étapes de production des chaînes de valeur mondiales s'observe aujourd'hui dans plusieurs pays d'Asie émergente, posant la question de l'étape suivante de leur intégration.

Sommaire

  • L'intégration commerciale des pays émergents s'est accompagnée d'une fragmentation des chaînes de production mondiales
  • Un processus d'intégration par phases successives, comme l'illustre l'exemple chinois et coréen

Cliquez sur les images pour agrandir les graphiques.

Graphique : Part de la valeur ajoutée étrangère dans les exportations (en %) pays émergents 1995-2018

Les données de commerce en valeur ajoutée (VA) donnent une indication sur le niveau d'intégration des économies aux chaînes de valeurs mondiales. Ainsi, le Vietnam est un pays émergent fortement intégré dans les chaînes de valeur mondiale : la part de la VA étrangère (importée) contenue dans ses exportations était de 52 % en 2018. À l'inverse, la Russie, qui exporte principalement des matières premières nécessitant peu d'intrants, ne compte que 8 % de VA étrangère dans ses exportations.

Graphique : Évolution sectorielle des exportations coréennes et part dans les exportations mondiales 1965-2020

Ce graphique met en évidence l'évolution des avantages comparatifs de la Corée du Sud depuis les années 1960. D'abord spécialisée dans des produits à faible intensité capitalistique ou technologique (agriculture, textile…), la Corée du Sud a progressivement opéré une remontée de filières et une montée en gamme de sa production. Son économie s'est diversifiée dans les années 1970-80, pour finalement se re-spécialiser dans des secteurs à forte valeur ajoutée, nécessitant moins d'importations (électronique, automobile, chantiers navals, biens d'équipement…). Ce dernier phénomène s'accompagne d'une internalisation des chaînes de valeur et donc d'un recul relatif de l'intégration commerciale.

Source : DGT, Trésor-Éco n° 301, février 2022.

Pour aller plus loin :

La mondialisation des chaînes de valeur : entretien avec Ariell Reshef et Gianluca Santoni, SES-ENS, novembre 2020.

Qu'est devenu le miracle sud-coréen ? CEPII. Juin 2018.