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Les enjeux économiques de l'orientation scolaire et universitaire. Direction générale du Trésor. Juin 2024.

Publié le 08/07/2024

Trésor-Eco n° 344, juin 2024.

Version téléchargeable

Par Blaise Leclair, Agathe Veniez.

Résumé

En France en 2022, 83 % des diplômés de l'enseignement supérieur sont en emploi après 2 ans, contre 88 % en moyenne dans l'OCDE. Ce taux est plus faible en cycle court et varie entre les filières. Ces constats s'expliquent en partie par une inédéquation entre formations proposées et besoins du marché du travail, ce qui souligne l'importance d'un système d'orientation efficace, permettant de conjuguer les aspirations individuelles des étudiants et les compétences demandées par le marché du travail.

Pour que l'accroissement du capital humain se traduise par des bénéfices économiques, la qualité de l'appariement entre étudiants et formations est en effet essentielle. Les « défaillances » du processus d'orientation favorisent les ruptures ou l'allongement des parcours étudiants et conduisent à dispenser des compétences moins adaptées à la demande de travail, ce qui se traduit par une moindre employabilité et des niveaux de rémunération plus faibles tout au long de la carrière. Au niveau macroéconomique, cela implique un taux de chômage structurellement plus élevé, un surcroît d'emplois non pourvus et une moindre productivité globale des facteurs.

Du côté des étudiants, l'investissement dans l'éducation peut être interprété comme un arbitrage individuel entre les préférences personnelles, les gains attendus, et les coûts directs de la scolarité, auxquels s'ajoute la perte de salaire liée à l'allongement de la durée de formation. En l'absence d'informations fiables, les gains attendus sur le cycle de vie sont mal appréhendés. Les choix d'orientation sont alors uniquement construits à partir des préférences disciplinaires individuelles, des préférences de l'entourage social des étudiants, et des coûts subis à court ou moyen termes. En outre, les stéréotypes sociaux influencent significativement les choix d'orientation et même la probabilité de réussite par la suite. Or les élèves français s'estiment mal informés lors de l'orientation vers les études supérieures. Dès lors, les éléments déterminant le choix de l'élève ne sont que très indirectement reliés aux débouchés des formations envisagées et sont vecteurs d'inégalités et de déterminismes sociaux.

Ensuite, l'offre de formation semble répondre insuffisamment aux aspirations des candidats, ce qui alimente l'échec et pourrait expliquer la vacance de certaines places. En outre, l'allocation des places dans l'enseignement supérieur ne s'adapte pas assez à la situation du marché du travail, dont la structure a évolué en faveur des emplois avec une forte intensité en compétences mathématiques et sociocomportementales sur les 40 dernières années

Pour finir, cette note propose plusieurs pistes afin de renforcer l'efficacité du système d'orientation : la diffusion d'une information claire et lisible, un accompagnement humain plus présent dans les établissements, notamment via l'intervention d'exemples à suivre (role models), une meilleure adéquation de la répartition des places de formation aux besoins du marché du travail.

Sommaire

  • Un système d'orientation efficace doit permettre de conjuguer les aspirations individuelles des étudiants et les compétences demandées par le marché du travail
  • Le déficit d'information et la relative rigidité de l'offre de formations peuvent nuire à la qualité de l'orientation
  • Une orientation conciliant les aspirations des élèves et les besoins du marché du travail nécessite une information plus accessible et une évolution dynamique de la carte des formations

Encadré 1 : Le développement des plateformes d'information en ligne

Encadré 2 : Exemples étrangers d'allocation à la performance

Cliquez sur les images pour agrandir les figures.

Source : Lettre Trésor-Eco n° 344, juin 2024.

Pour aller plus loin

Fraisse D'Olimpio S. (2009), « Les fondements théoriques du concept de capital humain », SES-ENS.

Lauricella M. (2023),« Jeunesses rurales et enseignement supérieur : des choix sous contraintes », EduBref, ENS de Lyon.

Maurin E. (2013),« La démocratisation de l'école conduit-elle fatalement à une dévalorisation des diplômes ? », SES-ENS.

Mettetal B. (2020), « Massification et démocratisation de l'accès à l'école et à l'enseignement supérieur », Stats à la une, SES-ENS.