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Un vote de classe éclaté. Cevipof. Mars 2017.

Publié le 10/03/2017

La classe sociale constitue l'une des grandes "variables lourdes" permettant d'expliquer le comportement électoral et ses régularités dans les études classiques de la sociologie électorale. Mais, alors qu'on constate une certaine persistance des clivages religieux dans la détermination du vote (voir par exemple cette précédente publication du Cevipof), le vote de classe s'est beaucoup affaibli depuis quelques décennies, en particulier chez les ouvriers dont le vote à gauche a diminué significativement. Quelle est sa place aujourd'hui, en France ?

Dans cette note de l'Enquête électorale française (ENEF), Martial Foucault cherche à mesurer le vote de classe en s'appuyant sur la vague 11 de l'Enquête électorale française : quelles sont les intentions de participation et de vote en fonction du groupe socioprofessionnel d'appartenance ? L'étude montre d'abord l'ampleur du comportement abstentionniste chez les ouvriers (42%) et les employés (39%). Elle confirme la poursuite de l'érosion du vote à gauche des classes populaires et le recul du vote pour la droite classique des cadres et professions indépendantes en France. Ces transformations ne signifient pas cependant que le vote de classe a complètement disparu, mais plutôt qu'il se transforme. Les comportements électoraux changent avec l'évolution de l'offre politique, moins marquée par le clivage gauche-droite, et le contenu des programmes de certains partis politiques. Ainsi, le FN a pu élargir sa base électorale en s'adressant aux classes populaires fragilisées et aux classes moyennes déclassées, sensibles à son discours protectionniste et identitaire.

Une publication utile pour l'enseignement de spécialité "sciences sociales et politique" de terminale (thème "La participation politique" : Comment expliquer le comportement électoral ?).

L'enquête électorale française : comprendre 2017, Note #32, vague 11, mars 2017.

par Martial Foucault, Directeur du CEVIPOF.

Résumé

Les études de sociologie électorale avaient établi, depuis près de 70 ans, que le vote de classe se caractérisait par un clivage politique marqué où les classes populaires portaient leur choix sur un candidat de gauche et les classes privilégiées sur un candidat de droite. En 1944, le sociologue américain Paul Lazarsfeld écrivait que «les caractéristiques sociales déterminent les caractéristiques politiques». Aujourd'hui, le vote de classe n'a pas totalement disparu, mais il s'est profondément transformé. Les différentes catégories socioprofessionnelles ont un rapport à l'économique moins conflictuel et plusieurs partis politiques se sont éloignés du programme qui les rattachait à leur électorat naturel.

La vague 11 de l'Enquête électorale française du CEVIPOF confirme l'érosion d'un vote de classe, amplifiée par une recomposition de l'espace électoral autour de quatre ensembles de familles politiques (gauche, centre, droite et extrême-droite).