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La crise énergétique, une occasion pour les entreprises des secteurs peu concurrentiels d’exagérer leurs hausses de prix ? CEPII. Octobre 2023.

Publié le 05/02/2024

La Lettre du CEPII n° 441, octobre 2023.

Version téléchargeable.

Par Axelle Arquié et Malte Thie.

Résumé

La crise énergétique de 2021-2022 a considérablement renchéri les coûts des entreprises, nourrissant une inflation née des contrecoups de la pandémie de Covid 19. Une boucle prix-salaire paraissant peu plausible compte tenu de la baisse des salaires réels, et face à la hausse des marges dans certains secteurs, des interrogations ont émergé sur une possible contribution des profits à cette inflation. Une décomposition de l'inflation en zone euro par des économistes du FMI montre qu'entre début 2022 et début 2023, ce sont les profits et les prix importés qui expliquaient l'essentiel de la hausse du déflateur de la consommation, loin devant les coûts du travail.

Cette explication de l'inflation place au cœur du débat la notion de concurrence. Le taux de transmission des coûts de production aux prix de vente augmente en effet lorsque le secteur est moins concurrentiel. L'inflation des vendeurs (Weber et Wasner, 2023) est une forme d'entente implicite, rendue possible par la coexistence d'une faible concurrence et d'un choc de grande ampleur touchant l'ensemble du secteur. Face à un tel choc, les entreprises présument sans se concerter que leurs concurrents, tout aussi affectés qu'elles, vont augmenter leurs prix et se sentent ainsi plus libres de le faire.

De fait, d'après les estimations présentées ici, le taux de transmission du choc énergétique aux prix à la production augmente avec le degré de pouvoir de marché. Les huit secteurs les moins concurrentiels auraient même augmenté davantage leurs prix que ne le justifiait l'augmentation de leurs coûts de production liée à la crise énergétique, dopant ainsi leurs marges et contribuant activement à l'inflation via leur stratégie de fixation de prix.

L'industrie alimentaire est emblématique de ce comportement. Ce secteur est, d'après le pouvoir de marché estimé, le secteur le moins concurrentiel et celui où le taux de transmission des prix de l'énergie a été le plus élevé (117 %).

Face à la persistance de l'inflation et à la mise en évidence de ses origines microéconomiques, une intervention de l'Autorité de la concurrence apparaît appropriée.

Sommaire

  • Explosion de la facture énergétique et prix à la production
  • Une transmission des prix de l'énergie aux prix de production supérieure à 100 % pour les secteurs peu concurrentiels
  • Des hausses de prix indues ?

Cliquez sur les images pour agrandir les figures.

Source : La Lettre du CEPII n° 441, octobre 2023.

Pour aller plus loin

« L'inflation est-elle de retour ? », SES-ENS, Stats à la une, septembre 2022.

Jaravel X., Méjean I., Ragot X. (2023), « Les politiques publiques au défi du retour de l'inflation », Note du CAE n° 78.