Léger repli de la syndicalisation en France entre 2013 et 2019 : dans quelles activités et pour quelles catégories de salariés. Dares. Février 2023.

Dares Analyses n° 6, 1 février 2023.

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par Maria Teresa Pignoni.

Résumé

En 2019, 10,3 % des salariés déclarent adhérer à une organisation syndicale, soit 0,9 point de moins qu'en 2013, après une certaine stabilité depuis le milieu des années 1990. Cette proportion baisse de 1,4 point dans la fonction publique (à 18,4 %) et de 0,9 point dans le secteur privé (à 7,8 %).

Dans le public, le repli est plus marqué dans la fonction publique territoriale (-1,9 point). Les agents de la fonction publique d'Etat demeurent les plus syndiqués (23,1 %, contre 15,6 % dans la fonction publique hospitalière et 14,1 % dans la fonction publique territoriale).

Dans le privé, les reculs les plus importants concernent les salariés de l'éducation, de la santé et de l'action sociale, ainsi que ceux des transports et de l'entreposage (-1,5 point). Le cas des salariés travaillant dans les activités financières et d'assurance est intéressant : dans ce secteur traditionnellement très syndiqué, la syndicalisation progresse de 4,0 points depuis 2013. Les menaces pesant sur les emplois durant cette période ont pu inciter les salariés à rechercher dans les syndicats des représentants pour les défendre, mais on peut aussi y voir l'effet du développement d'un syndicalisme de service par les organisations les plus représentatives du secteur. A l'inverse, dans les transports, deuxième secteur du privé le plus syndiqué en 2019 (16,5 %), le taux de syndicalisation baisse d'1,5 point par rapport à 2013. Dans ce secteur, la concurrence accrue touche de grandes entreprises publiques qui connaissent depuis plusieurs années des processus de filialisation et une privatisation de pans importants de leurs activités, ce qui fragilise la place des organisations syndicales.

La baisse de la syndicalisation touche davantage les cadres de la fonction publique (qui demeurent néanmoins les plus syndiqués au sein de la fonction publique) et les professions intermédiaires du privé (traditionnellement les plus syndiqués de ce secteur, avec les ouvriers).

Comme en 2013, les hommes déclarent adhérer à une organisation syndicale plus souvent que les femmes en 2019 : 11,0 % contre 9,5 %. Cependant, leur taux de syndicalisation baisse davantage sur la période.

Depuis la réforme de 2008, la légitimité des représentants syndicaux procède des élections professionnelles. Les réformes successives en matière de relations sociales ont en outre promu la négociation d'entreprise. En dépit de l'enjeu que représentent ces élections, la participation des salariés aux élections professionnelles et aux activités syndicales recule ces dernières années.

Enfin, cette analyse s'intéresse à l'effet de la progression des emplois à durée limitée sur la syndicalisation, et conclut que cette augmentation a contribué au recul du taux de syndicalisation dans plusieurs secteurs, aussi bien dans la fonction publique que dans le privé. Tous secteurs confondus, les salariés qui travaillent à temps complet sont nettement plus syndiqués que ceux à temps partiel ; il en est de même pour les salariés en contrat à durée indéterminée (CDI) ou ceux titulaires de la fonction publique, comparativement à ceux en contrats à durée limitée.

Sommaire

• Une baisse de la syndicalisation plus marquée dans la fonction publique, surtout dans les métiers les moins syndiqués
• Dans le privé, des salariés plus syndiqués dans les activités financières et les transports
• Baisse de la syndicalisation parmi les cadres de la fonction publique et les professions intermédiaires du privé
• Syndicalisation en plus forte baisse chez les hommes et les salariés d'âges intermédiaires
• Participation des salariés et engagement des syndiqués en baisse
• ÉCLAIRAGE : Une progression des emplois à durée limitée défavorable à la syndicalisation

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Source : Dares Analyses n° 6, février 2023.

Pour aller plus loin

Mathieu M. (2022), « L'engagement politique : conférence de Lilian Mathieu », SES-ENS, octobre.

Paugam S., Gilardi B. (2008), « Le salarié de la précarité. Les nouvelles formes de l'intégration professionnelle », SES-ENS, avril.