Les Français et l’inflation en 2022. Banque de France. Novembre 2022
Bulletin de la Banque de France, n°243/1, 17 novembre 2022.
par Vincent Bignon, Erwan Gautier.
Résumé
La hausse des prix à la consommation a été forte depuis fin 2021, pour atteindre 6,2 % en France en octobre 2022 selon l’indice des prix à la consommation (IPC) mesuré par l’Insee. Ce niveau élevé d’inflation est un enjeu pour les Français dans leur quotidien. C’est aussi un enjeu prioritaire pour la Banque de France et la Banque centrale européenne (BCE), dont le mandat est d’assurer la stabilité des prix à moyen terme.
En effet, une condition nécessaire à la stabilité des prix est que les prix et les salaires fixés aujourd’hui n’intègrent pas d’anticipation de hausse soutenue des prix demain. Dans un tel cas, cette hausse des prix pourrait s’auto‑entretenir, créant une spirale inflationniste. Les décisions économiques seraient altérées, notamment en matière de salaires, d’emploi, d’investissement ou de consommation. Pour comprendre comment s’élaborent les anticipations d’inflation formées par les agents économiques, la Banque de France a interrogé en mai-juin 2022 les ménages français avec l’institut CSA sur les défis économiques prioritaires, leur perception de l’inflation et le rôle de la politique monétaire.
Le pouvoir d’achat et l’inflation sont bien les préoccupations principales de 60% des ménages. 82% des Français estiment que la politique monétaire a des effets sur leur pouvoir d’achat. Quand on interroge les ménages sur l’augmentation des prix perçue et anticipée, leurs réponses varient fortement : Si la valeur médiane de l’estimation de l’inflation présente est de 7%, un quart des Français pensent que l’inflation est inférieure à 5% et un Français sur six qu’elle est supérieure ou égale à 20%. La dispersion des réponses est semblable sur l’inflation anticipée.
Les perceptions de l’inflation dépendent en particulier de l’âge, du genre, ou du diplôme. Les répondants plus jeunes perçoivent une inflation plus élevée que les personnes plus âgées ; les répondants détenant un diplôme de type bac +3 ou bac +5 perçoivent une inflation inférieure d’environ 5 points de % par rapport aux répondants n’ayant aucun diplôme. Ces perceptions dépendent aussi beaucoup de l’expérience quotidienne de consommateur.
Il semble donc que, si les ménages sont en désaccord sur le niveau d’inflation anticipée, ce n’est pas tant parce qu’ils ont des scénarios macroéconomiques différents pour le futur, mais parce qu’ils ont une perception différente de l’état actuel de l’économie. Ce résultat justifie la poursuite d’une communication claire et résolue des banques centrales sur la situation globale de l’économie pour compléter l’information liée à l’expérience personnelle.
Sommaire
- Le pouvoir d’achat et l’inflation, préoccupation principale des Français en 2022
- La quasi‑totalité des ménages perçoit la hausse des prix
- Les achats quotidiens influencent la perception d’inflation
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Source : Bulletin de la Banque de France, n°243/1, novembre 2022.
Pour aller plus loin :
Allegret J-P. (2017), « Le renouvellement de la politique monétaire (I) : quelle place pour la politique monétaire non conventionnelle dans le futur ? », SES-ENS, avril.
Broutelle A-C. (2022), « L'inflation est-elle de retour? », SES-ENS, septembre.